Jamais plus nous livre le récit poignant et intime d’une existence. Celle d’un jeune fanatique des jeunesses hitlériennes devenu résistant et condamné à mort pour « haute trahison ».
Inspirée d’une histoire vraie, Jamais plus nous plonge dans l’Allemagne d’avant-guerre.
Depuis sa cellule, Franz Weissenrabe écrit à sa mère, sans même savoir si sa lettre lui parviendra. Et c’est dans le brouillard qu’il apparaît, pour raconter pourquoi, comment, le petit garçon qu’il était s’est laissé séduire par le parti nazi avant d’ouvrir les yeux et de s’opposer à cette idéologie meurtrière.
De l’endoctrinement à la révolte
Jamais plus retrace le cheminement personnel troublant d’un garçon ordinaire. En effet, Franz a d’abord fait partie de cette jeunesse aveuglée et manipulée, vouant une admiration sans limite au dictateur Adolf Hitler. Et comme plus de deux millions d’autres, il a vu en cette jeunesse hitlérienne la possibilité de devenir un homme solide, un bon soldat ; de gagner la reconnaissance et le respect auxquels il aspirait. Il s’est laissé manipuler jusqu’à faire de la violence son quotidien. Jusqu’à porter le fameux uniforme nazi. Jusqu’à dénoncer son propre père qui voulait aider des juifs à quitter le pays.
Et c’est là que, dans un sursaut de conscience, tout a basculé. Il s’est alors réveillé, a ouvert les yeux. Il s’est souvenu de ce qui comptait vraiment à ses yeux : sa famille, ses amis, sa dignité. Puis il leur a demandé pardon et a fait preuve d’un courage immense. Jusqu’à finalement mettre sa propre vie en jeu pour défendre celle des autres.
Un seul-en-scène qui captive et interroge avec sobriété
Le texte est exigeant, profond, poétique. Et il est porté avec beaucoup d’aplomb et de présence par Antoine Fichaux, qui nous captive d’un bout à l’autre. Entre ombres et lumière, la mise en scène tout en sobriété force l’attention. Les musiques qui accompagnent sa confession accentuent la dimension dramatique de ce qui se rejoue sous nos yeux et l’ambivalence de nos sentiments à l’égard de ce personnage d’abord détestable puis héroïque.
Seul petit bémol à cette partition pourtant : l’émotion. En effet, elle manque un peu de relief là où le récit mériterait de nous secouer davantage, de nous bouleverser. En effet, seule la scène finale vient – enfin – nous saisir, nous remuer, et impacter un peu plus notre conscience. C’est dommage, il y avait matière.
« Ce n’est pas difficile de mourir. Il faut juste se laisser aller. Vivre demande plus d’exigence.«
Néanmoins, en explorant minutieusement les mécanismes de l’embrigadement patriotique, de l’aveuglement qui pousse à l’horreur, Jamais plus invite à la réflexion et à la vigilance. Parce que « Oublier, c’est recommencer ».
Ainsi, à travers cette fiction inspirée de l’histoire vraie de Hans et Sophie Scholl, Antoine Fichaux nous fait découvrir un aspect peu évoqué de la seconde guerre mondiale. Celui du mouvement de résistance humaniste de « la Rose blanche ». Une jeunesse courageuse qui a refusé de se soumettre et s’est soulevée, au péril de sa vie, face au nazisme et à son idéologie. Une pièce utile sans aucun doute.