Shōgun est l’une des dernières mini-séries les plus attendues sur la plateforme Disney+, et on a eu l’occasion d’en visionner les 8 premiers épisodes (sur les 10). Alors, on vous en dit plus tout de suite !
Il y a de ça 44 ans sortait sur les écrans une première adaptation en mini-série de la saga Shōgun, Le roman des samouraïs de James Clavell (1975). Écrite par Eric Bercovici en étroite collaboration avec le romancier lui-même, la série a reçu une critique unanimement positive. Shōgun a su séduire son public et “a fait un tabac”, comme le souligne le journal Le Monde dans un article datant de 1980. Mais alors, qu’en sera-t-il de ce remake produit par Disney+ ?
Shōgun prend place dans le Japon des années 1600. John Blackthorne (Cosmo Jarvis), pilote anglais d’un étrange navire, s’échoue sur la plage d’un petit village de pêcheurs. En peu de temps, il fait la rencontre du Seigneur Yoshii Toranaga (Hiroyuki Sanada), engagé dans une lutte pour empêcher sa destitution contre les quatre autres régents du conseil, dont le Seigneur Ishido. Inexplicablement, le destin de John se retrouve scellé à celui de Toranaga et de Toda Mariko (Anna Sawai), une femme mystérieuse qui deviendra la traductrice de John Blackthorne, devenu l’Anjin (le pilote).
Le Japon féodal
Il n’y a pas à contester, Shōgun est indéniablement une série qui a du caractère. Le récit politique, le traitement des mœurs, des coutumes et le travail sur les costumes et les décors, nous immergent avec réussite dans le Japon féodal des années 1600. On découvre ainsi un environnement qui nous est éloigné, tant culturellement, géographiquement, que temporairement. A l’instar de l’Anjin, on apprend à pénétrer les codes de la société japonaise et tous les secrets dont ils regorgent.
Shōgun ne prend pas de pincettes en dépeignant une époque avec toute sa brutalité, et c’est peut-être l’un des meilleurs facteurs de réussite de cette série. A l’inverse des habituelles histoires à l’eau de rose produites par Disney, Shōgun montre toute la noirceur d’une réalité où les plaisirs de la vie semblent avoir disparu. Les personnages respirent cette éternelle dureté en gardant une distance parfois infranchissable, tout comme Mariko qui attend la mort en se dévouant corps et âme à son seigneur et qui prétend que « sa vie est à la disposition de son époux ». S’ajoute à cela la multiplication des morts et des tortures, un amoncellement de corps qui s’agrandit à chaque épisode.
Cette brutalité se confond également avec la froideur des couleurs. Shōgun s’inscrit dans une image aux tons sombres qui accentuent les pensées ténébreuses des personnages. A cela s’ajoute le réalisme des décors avec ces paysages plongés dans le froid glacial de l’hiver. Alors oui, Shōgun présente une reconstitution fidèle à l’histoire.
Une intrigue politique
Dans Shōgun, tout tourne indéniablement autour de la parole et il faut savoir se poser devant cette série, sans quoi l’intrigue restera à tout jamais obscure. Le récit n’a rien des grands périples remplis d’action, et au contraire, les personnages sont montrés la plupart du temps en pleine discussion. Oublions donc les grands conflits armés, les scènes impressionnantes (même si elles sont bien évidemment présentes) et penchons-nous vers ces espaces calmes, qu’ils soient intérieurs ou extérieurs, et les conversations dont ils regorgent.
Il faut d’ailleurs s’accrocher lors des deux premiers épisodes pour ne pas passer à côté de certains éléments de l’intrigue, car oui, elle est costaude. Heureusement, les choix dans le montage et le rythme des épisodes rendent la lecture plus facile, et bien que le début semble un peu long à démarrer, ce temps est nécessaire pour installer les situations et les personnages. Enjeux politiques et enjeux personnels se rejoignent ainsi et les démêler devient chose ardue. Et une fois qu’on est emporté dans les remous existentiels des personnages, plus rien ne pourra nous ramener sur la berge. Alors qui se noiera et pourquoi ?
Un cœur toujours fermé
Pour survivre dans ce Japon, il faut savoir protéger son cœur et ne dévoiler ses véritables émotions en aucune occasion. Sans quoi, c’est la mort assurée. Les personnages restent ainsi insondables, et il faut se fier aux infimes détails de leurs réactions et comportements pour réussir à percer leurs mystères. Même lorsqu’on croit y parvenir, on se rend rapidement compte qu’une partie de leurs sentiments et intentions sont toujours insaisissables. Que cache Mariko derrière son éternel froideur ? Quel plan dissimule Toranaga derrière sa résignation ? Tant de questions en suspens…
“Un homme combat pour diverses raisons. La conquête, la fierté, le pouvoir…
Mais une femme est simplement en guerre.” Mariko
C’est peut-être Mariko qui a su le mieux bâtir une clôture autour de son cœur, elle qui explique à l’Anji qu’il faut construire “un mur impénétrable derrière lequel on peut se réfugier en cas de besoin”. Cette phrase renferme en quelques mots toute la violence de cette époque. Alors que la cruauté et la guerre sont présentes au quotidien, il faut savoir se créer sa propre carapace, cet espace capable d’englober son corps pour ne plus subir les attaques constantes venues de l’extérieur.
Shōgun est une série à découvrir, du moins les huit premiers épisodes. Un récit captivant où la manipulation côtoie la loyauté porté par une mise en scène soignée.
Shogun est à découvrir sur Disney+ à partir du 27 février.
Avis
En prenant place dans le Japon féodal des années 1600, Shōgun s'inscrit dans une époque où tout est à découvrir. Un récit politique qui laisse la place à la parole en mettant en scène de multiples discussions, avec des personnages tous plus insondables les uns que les autres.