Co-produite notamment par la créatrice de Fleabag, Phoebe Waller-Bridge, on attendait beaucoup de cette nouvelle série HBO, Run.
« Métro, boulot, dodo », tel est le sort de beaucoup d’êtres-humains attendant avec impatience les vacances pour s’extirper de leur train-train quotidien. Mais qui n’a jamais rêvé de plus que ça ? De carrément plaquer sa vie monotone du jour au lendemain ? C’est ce qu’osent faire les personnages principaux pour revivre leur histoire d’amour terminée depuis 17 ans. Si le concept nous séduit pleinement, l’herbe est-elle vraiment plus verte ailleurs ? Pas si sûr.
Run ne se présente d’ailleurs pas comme une romance à l’eau de rose. On pourrait plutôt voir ce premier épisode comme la suite directe du Lauréat, dans laquelle Dustin Hoffman et Katharine Ross seraient remplacés par Domhnall Gleeson et Merritt Wever. Une fois passée l’excitation des retrouvailles chacun des protagonistes est confronté à son choix impulsif; celui d’avoir décidé de vivre avec un (presque) étranger. De telles incertitudes palpables, en de rares moments, laissent place à des scènes emplies de sincérité, que l’on espère plus nombreuses par la suite.
Entre sincérité et double-jeux, il ne semble, en effet, n’y avoir qu’un pas pour les deux anciens amants car le show est avant tout très déstabilisant. Après avoir vu un septième de cette nouvelle série, nous n’en savons que trop peu sur Ruby et Billy qui viennent de se retrouver. Quelques éléments de leur vie abandonnée sont teasés ici et là pour stimuler notre curiosité, mais il faudra un peu de patience pour avoir du concret et découvrir les motifs cachés de ce voyage improvisé (que sous-entend la bande-annonce).
On arrête de jouer
Avec des choses à cacher mais sans artifices, on reconnait à travers les protagonistes le style si particulier de la showrunner Phoebe Waller-Bridge. Cette dernière ayant certainement influencé sa bonne amie, Vicky Jones, dans la création de personnages ambivalents. Cependant moins incisive que Fleabag, Run semble manquer de substance; la part de jeu prenant – pour l’instant – trop le pas sur des enjeux plus profonds. Tout va très vite, pour nous, comme pour les protagonistes et il va falloir ralentir un petit peu pour gagner en profondeur.
Les scénaristes devront donc trouver le parfait équilibre pour nous cueillir entièrement. Une chose qui semble facile puisqu’avec son envie de nous faire voyager, son aspect comico-romantique (qui semble tourner en thriller) et son duo étincelant, Run possède tous les atouts pour nous surprendre.
Il ne manque donc pas grand-chose à HBO pour nous offrir une énième réussite sérielle. Reste à voir si le show s’en donnera les moyens par la suite.