Ring (Variations du couple) nous plonge de la première rencontre à la dernière rupture d’un couple à travers seize rounds amoureux.
Après avoir affolé les cœurs du public d’Avignon, Ring (Variations du couple) s’apprête à conquérir Paris. Un corps à corps fiévreux, tendre, drôle, cruel, incarné avec talent et élégance par deux artistes lumineux. L’un des spectacles à ne pas manquer de la rentrée.
“On court derrière un idéal qu’on avait inventé.”
L’amour par tous les temps
Adam et Ève sont étendus sur un canapé blanc, entourés de quelques feuillages évoquant une nature luxuriante. Mais Ève s’ennuie. « Je ne comprends pas pourquoi on nous condamne à vivre l’un avec l’autre ! » se lamente-t-elle. Les premiers éclats de rire fusent. Nous voilà aux origines du couple et de la construction de son schéma traditionnel. On rit… tout en trouvant la question assez pertinente au fond.
Puis l’exploration se poursuit. Et c’est Camille et Camille que l’on retrouve alors. Ils se rencontrent pendant un mariage et se servent l’un de l’autre pour rendre une autre personne jalouse. Mais, évidemment, le jeu est dangereux et la foudre les frappe en plein cœur. C’est le début d’une histoire qui traversera toutes les saisons du couple, celui-là comme tant d’autres.
Un duo qui embrase la scène
Les tableaux s’enchaînent ainsi pour nous promener dans différentes situations qui attisent, malmènent, qui font et défont le couple en passant par le mariage, l’infidélité, la séparation, la parentalité… La plume de Léonore Confino, que nous avions déjà découverte dans Smoke Rings, superbe pièce de théâtre immersif qui proposait une adaptation très différente de son œuvre, explore ainsi les variations du couple au fil de leurs envies, leurs pulsions, leurs malentendus, leurs doutes, leurs lassitudes…
Amaury de Crayencour, déjà éblouissant aux côtés de Benoit Solès dans La maison du loup et La machine de Turing, et Jina Djemba, qui crève l’écran allions-nous écrire, nous captivent et nous régalent dans ce kaléidoscope du couple. Ils sont drôles, complices, sensuels. Leur jeu d’acteurs est d’une puissance et d’une sensibilité qui trouve son apogée dans une déclaration d’amour venue des tripes de Jina Djemba, et que le public ne pourra s’empêcher d’applaudir.
Ring, ou ’50 nuances de love’
Le couple évolue ainsi, pieds nus, dans un décor quasi inexistant. Comme une manière habile de l’ancrer un peu plus dans la réalité sans fard de la relation amoureuse. Seul le canapé blanc demeure, témoin de l’amour qui passe, lieu d’étreinte, d’échanges, d’ennui, de repli. La mise en scène sobre et délicate de Côme de Bellescize nous fait passer d’une scène à l’autre en un mouvement, et laisse jaillir quelques moments poignants. Comme ce superbe tableau où les corps hurlent en silence, se retiennent, se perdent…
Tout fonctionne très bien c’est vrai. Tout est beau, parfait, lisse… presque un peu trop à vrai dire pour que notre cœur s’embrase à son tour. Nous sommes ressortis séduits, inévitablement, et éblouis par ce sublime couple scénique, mais pas conquis par ces situations sans surprise et ce parcours très stéréotypé du couple. Mais qu’importe puisque l’amour n’est pas fait que de coups de cœur et qu’ici, on aime quand même beaucoup.
Ring (variations du couple), de Léonore Confino, mise en scène Côme de Bellescize, avec Amaury de Crayencour & Jina Djemba se joue du 29 a 21 juillet 2024 à 10h au Théâtre Actuel. Puis du 3 septembre 2024 au 18 janvier 2025 au Théâtre de l’Œuvre.
Retrouvez tous nos articles consacrés au Festival d’Avignon ICI !
Avis
Dix ans après sa création au Petit-Saint-Martin, c'est une version rafraichie de cette pièce que met en scène Côme de Bellescize. Une pièce que Léonore Confino a voulu rendre "vivante", "évolutive", comme l'est notre rapport au couple au fil du temps et de nos expériences.