Resident Evil n’en finit plus de se décliner et de décevoir. Après un passage soldé par un flop au cinéma, la franchise vidéo-ludique culte débarque en série pour un résultat perpétuant sa propre malédiction.
Resident Evil est de ces jeux-vidéos cultes que d’autres médias ont tellement déformé que l’on a bien du mal à y reconnaître son univers et ses terrifiantes qualités artistiques. Parce que depuis l’adaptation de Paul W.S. Anderson en 2002 (qui est depuis à réévaluer comme l’une des meilleures, hélas) et ses aventures en forme de gros délire à la gloire de sa muse Mila Jovovich terminées six années plus tard, la franchise n’a cessé de muter. Dans un long-métrage, pensé comme un retour aux sources, Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City, sorti chez nous il y a moins d’un an, qui s’est avéré être un flop total, malgré son ambiance soignée et d’un scénario toujours aussi crétin, puis dans une série Netflix aujourd’hui, que la plateforme prend donc un malin plaisir à défigurer, une fois de trop ?
Resident Netvil
Cette nouvelle itération de Resident Evil supervisée par l’un des scénaristes de Supernatural se déroule sur deux époques et sur deux terrains opposés. D’un côté, l’on retrouve le teen-drama cher à Netflix et à son algorithme qui nous conte, en 2022, l’arrivée d’Albert Wesker et de ses deux filles à New Raccoon City, 24 années après le terrible incident survenu à Raccoon City. De l’autre, le survival post-apocalyptique en mode série dérivée de The Walking Dead suivant Jade Wesker où sur les deux plans, le scénario invraisemblable et grotesque joue de la même qualité pour nous régaler d’une bêtise qui devient au fil des épisodes presque fascinante. Se tirant automatiquement une balle dans le pied avec ces deux temporalités aussi inabouties l’une que l’autre, Resident Evil parvient pourtant à perpétuellement surprendre.
Parce que l’on entre avec beaucoup de curiosité dans cette nouvelle version, dont le premier épisode s’avère pétri de belles promesses. Un décor futuriste froid et très réussi pour le présent, et une veine très série B pleine de monstres et de sang (influence principale du jeu-vidéo) pour le futur post-apo, toutes deux menées droit vers le mur. Parce qu’il faut laisser beaucoup de choses de côté au visionnage de la série, dont une grosse partie de sa cervelle. Il faudra ainsi admettre que Jade Wesker est absolument immortelle, qu’Umbrella Corporation est toujours dirigée par une horde d’imbéciles et une cohorte d’invraisemblances mettant une à une à mal les grosses ambitions de la proposition d’Andrew Dabb et de scénaristes visiblement au bout du rouleau.
Mort cérébrale (et scénaristique)
On peut ainsi débuter par les bons points, dont un quatrième épisode en mode Massacre à la tronçonneuse qui ravira les amateurs d’hémoglobine, même derrière des scènes mal cadrées et mal éclairées. Dès le cinquième épisode, qui délaisse le post-apo pour creuser l’enquête des deux (insupportables) jeunes filles sur leurs origines et les agissements de leur père, Resident Evil prend cependant pour principale mission de s’enfoncer dans des sommets de vacuité scénaristique, enchaînant les révélations avec une indigence folle, comme sa bande originale faite de tubes pop n’ayant rien à voir avec l’ambiance recherchée. L’on assiste alors, incrédule, à un nouveau beau massacre en règle de la franchise.
Parce que sur ses 8 épisodes, Resident Evil semble au fil de son avancement creuser sa propre tombe et se noyer dans sa propre bêtise. D’un non-affrontement tant attendu entre deux personnages, à un passage soporifique en bateau faisant réévaluer Fear The Walking Dead, la série semble un à un annuler tous ses enjeux pour se muer en une grande démonstration de vide, aussi éreintante que fascinante de nullité. Passée sous les algorithmes de Netflix, Resident Evil subit une nouvelle mutation, et si elle ne s’avère pas aussi monstrueuse que certains films de la saga de Paul W.S. Anderson, la série n’en possède jamais la folie, ne se servant que des brides de l’univers de la franchise pour les saboter un à un. Jamais amusant, nullement jouissif et absolument inutile, Resident Evil enterre ainsi une fois de plus la saga en ne manquant pas de lui retirer le moindre intérêt, même coupable.
La première saison de Resident Evil est disponible sur Netflix.
Avis
Resident Evil poursuit brillamment la voie de saccage de la franchise vidéo-ludique entamée au cinéma il y a 20 ans. Après une version cinéma se voulant plus fidèle, mais au scénario débile et aux moyens fauchés, Netflix laisse son algorithme terminer cette mutation en la muant en une sorte de mauvaise formule oscillant entre le mauvais teen-drama et la série B dérivée de The Walking Dead tous deux ahurissant de bêtise.