Qui brille au combat est le tout premier film de l’actrice Joséphine Japy en tant que réalisatrice. Présenté au Festival de Cannes dans la catégorie Séances Spéciales, ce récit familial semi-autobiographique, où comment le quotidien est impacté par la maladie génétique de la sœur cadette.
On connaît tous Joséphine Japy, jeune actrice de talent ayant joué dans Neuilly sa mère !, Respire, Mon inconnue, Le Moine ou encore la série Tapie. Et à trente ans, la voilà désireuse de passer de l’autre côté de l’objectif pour un premier long-métrage co-écrit avec Olivier Torres : Qui brille au combat entend donc exorciser en quelque sorte le vécu de Japy tandis qu’elle a grandi avec sa petite sœur Bertille, atteinte du syndrome de Phelan-McDermid.

Cette maladie génétique rare liée à une délétion d’allèle implique un importent retard du développement associée à une absence de langage sévère. Un « autisme +++ » en somme, qui est donc celui de la Bertille cinématographique jouée par Sarah Pachoud. Cadette de la famille Roussier (avec Angelina Woreth en Marion grande sœur, Mélanie Laurent en Madeleine la mère et Jean-Yves Cardinal pour Gilles le patriarche).
Quand la famille est un champ de bataille
Qui brille au combat entend donc montrer la lutte quotidienne de ce quatuor, dans un récit évitant d’ailleurs tout pathos ! Un aspect salutaire, via une mise en scène de Joséphine Japy se révèle d’ailleurs surprenante : entre maîtrise, sobriété et parfois même élégance (ce traveling latéral présentant l’intérieur de l’hôpital pour se conclure au sein du cabinet), la réalisation globale s’attarde sur les silences et les non-dits pour mieux capter l’émotion brute des personnages.
Entre contrôle et naturalisme, le film propose ainsi des tranches de vie de famille épousant le mantra de la mère (Mélanie Laurent y est curieusement solide) : Bertille est une chance malgré tout, même si la recherche diagnostique et l’incertitude de viabilité éventuelle est un des points pivots du scénario du film; centré sur le délitement de l’unité familiale.

Qui brille au combat dilue peu à peu toute effusion solaire liée à son introduction, en se focalisant avant tout sur l’impact psychologique et émotionnel que la condition de Bertille (et sa probable absence de perspective à long terme) peut engendrer. C’est particulièrement le cas pour le rôle de Pierre-Yves Cardinal : l’écriture du film n’a d’ailleurs pas besoin d’expliciter l’épuisement, la culpabilité ou les absences de ce dernier, tout passe à l’écran par les acteurs !
Qui brille au combat perd sa ligne de mire
D’un combat collectif, Joséphine Japy recentre ensuite sur l’histoire sur son propre point de vue de sœur aînée : celui de la toujours excellente Angelina Woreth, tiraillée entre le soutien indéfectible qu’elle doit à Bertille, et une émancipation qui passe par une relation amoureuse avec un homme plus âgé. Et si ce (gros) segment touche du doigt un abattement et une atonie dépressive plutôt cohérente, Qui brille au combat perd de sa force d’intention en perdant de vue Bertille.
Il y a sans doute un point de vue autobiographique, mais tandis que ce dernier est assumé, le film abandonne l’équilibre tenu de sa première heure. La dynamique familiale est ainsi secondaire, tout comme la petite sœur réduite à l’état de token ou personnage fonction. C’est certes un parti-pris, mais on regrettera sans doute cette déviation centrée sur un personnage certes intéressant, mais dont le parcours de personnage se veut non-seulement balisé, mais aussi assez peu incarné via cette romance toxique sans alchimie à laquelle on ne croit pas une seconde.

Malgré ce pas de côté, Joséphine Japy livre un film intime dont la sincérité transpire à chaque instant. Oui, le personnage de Bertille est malencontreusement mise de côté, mais la finalité du récit apporte une cohérence globale au propos de Qui brille au combat, tout en justifiant son titre. Les intentions n’ont peut-être rien de profondément singulier (on notera que George Miller a fait un chef-d’œuvre sur un sujet assez similaire), mais c’est dans l’authenticité de son approche qu’on ne peut qu’approuver cette première incursion de l’actrice en réalisatrice.
Qui brille au combat sortira au cinéma en 2025. Retrouvez tous nos articles du Festival de Cannes ici.
avis
Qui brille au combat est un touchant premier film de Joséphine Japy. Maîtrisant sa direction d'acteurs via une mise en scène intime qui ne verse jamais dans le pathos, ce récit perd un tantinet de sa force dans une seconde partie oubliant sa dynamique familiale. Une chouette surprise néanmoins !