Positions est déjà le sixième album de la discographie d’Ariana Grande. Un opus plaisant éminemment marqué par ses peines de cœur.
Comme de nombreuses autres stars dont les tournées ont été annulées, Ariana Grande a profité de cette étrange période pour concevoir un nouvel album. Evidemment elle aussi marquée par ces chamboulements mondiaux, Positions arbore une ligne artistique épurée. Légèrement orienté R&B et délesté à sa majorité de vocodeur, Positions nous plonge dans une ambiance agréable et légère. D’autant que ses sujets abordés se veulent frivoles (de son titre, au morceau 34+35) mais aussi plus profonds puisqu’Ariana Grande pose de nombreuses questions au sujet de ce sentiment singulier.
Le confinement n’a pas fait perdre à Ariana Grande sa marque de fabrique la plus singulière, sa voix qui monte très rapidement dans les aigus. Et toujours avec maitrise et sans en abuser pour ne pas éreinter nos tympans. Elle en use ici pour accentuer la légèreté -apparente- de ses propos, comme dans le refrain du titre Obvious. Positions est aussi agrémenté de trois collaborations plaisantes. Si l’intervention de The Weeknd révèle un mariage de voix douces très agréable à l’oreille, le duo avec Ty Dolla $ign ajoute du peps à l’ensemble. Imprégné de la patte rap de son interprète masculin, Safety net se veut plus rythmé que l’ensemble de l’opus.
La ligne instrumentale de cet album entretient la sensation d’une atmosphère décompressée. Loin des standards de la pop rythmée, Positions opère un retour au naturel parfait pour se détendre. A l’image de son single phare éponyme, qui introduit un charmant jeu d’instruments à corde. Son écoute fait fredonner et on se surprend à bouger les épaules sur ces tempos lents (West side) et parfois envoutants (Nasty).
Pour le meilleur, comme pour le pire
Ariana Grande est loin de chanter naïvement l’amour. Profondément marquée par des relations houleuses, voire tragiques (avec McMiller), elle confie ses craintes à The Weeknd dans Off the table. Et puisque la vie réelle, c’est compliqué, elle rêve de filer l’amour parfait (à tous les sens du terme). Jusqu’à surement se surprendre elle-même, car elle croit à nouveau au grand amour dans Obvious. Si c’est pas la magie de l’amour ça… A l’image des interrogations assez classiques qu’elle émet à The Weeknd, son discours tend à s’universaliser. Parfait pour toucher, voire rassurer son auditeur sur ses propres peines de cœur.
Malgré tout, Positions détient de nombreuses similitudes avec son prédécesseur, Thank u, next (sorti le 9 février 2019). Needy ou encore Imagine contiennent de nombreux prémices de ce nouvel album, comme un retour amorcé au naturel tant instrumental que dans le chant. Par ailleurs, le titre introducteur Shut up (ordre de se taire plutôt familier) peut sonner comme une volonté de créer quelques buzzes… Pouvant susciter une certaine appréhension ou sensation de réchauffé, si l’on a du mal à adhérer à son ambiance. Et comme si ce n’était pas déjà assez, elle ne s’éloigne pas de ses histoires de love tout le long de Positions. Un album, en somme, à double tranchant.
Le 6 qui suit le 5
Ariana Grande témoigne toujours d’un désir de se renouveler instrumentalement et de jouer avec ses sujets de prédilection. Positions, son sixième album, se démarque quelque peu de ses prédécesseurs et des standards actuels des gros hits. Pour autant, il ne constitue pas un tournant ou une exception notable dans sa discographie globale.