Petite Solange voit la caméra intimiste d’Axelle Ropert observer les aléas du divorce sur une jeune fille de 13 ans. Pour un portrait juste, sensible mais imparfait.
Petite Solange est le quatrième long-métrage d’Axelle Ropert, critique de cinéma passée notamment par Les Inrocks et Le Cercle. Après avoir scruté sa drôle de Famille Woldberg en 2009, Petite Solange semble renouer avec celui-ci, et un équilibre plus juste, la réalisatrice et scénariste ayant depuis réalisé les très réussis Tirez la langue, mademoiselle et La prunelle de mes yeux, en parallèle des scénarios accompagnée de son acolyte Serge Bozon, avec qui elle a co-écrit toutes ses œuvres jusqu’à Madame Hyde. Observation intimiste d’une implosion familiale vue par les yeux d’une enfant, Petite Solange parvient à sonner juste, et ce malgré quelques imperfections.
Mes parents divorcent
Le passage à l’âge adulte est l’un des sujets les plus traités au cinéma. Des classiques comme L’Effrontée par chez nous, on a ainsi pu récemment observer de grands cinéastes s’y frotter, de Paul Thomas Anderson et son nostalgique Licorice Pizza en passant par François Ozon et son tragique Été 85. Petite Solange s’écarte des sentiers battus par la modestie de son entreprise, laissant ouvertement place à l’intimité et à la fragilité du cercle familial, faisant ici basculer la jeune et ingénue Solange vers l’âge adulte et ses incontournables fatalités. Emmené par un trio de superbes interprètes (Léa Drucker et Philippe Katerine) ici tout en retenue, l’on retiendra la formidable Jade Springer, tout en silences et en regards, portant ce petit mais attachant projet sur ses frêles épaules d’enfant.
Filmé dans un très beau 16 millimètres, Axelle Ropert épouse ainsi de front les codes du mélodrame familial en s’entourant du compositeur Benjamin Esdraffo dont les notes auraient pu paraître envahissantes si la mise en scène n’avait pas été aussi précise. Petite Solange évoque ainsi immédiatement Les 400 Coups de François Truffaut mais dénué d’artifice de mise en scène, évertuée à saisir les aléas du divorce sur une jeune adolescente sage et sans histoires qui s’affranchit. Axelle Ropert ne singe jamais le chef d’œuvre porté par Jean-Pierre Léaud mais en rejoue la destinée et quelques scènes, notamment un plan final qui s’avère parfaitement approprié à l’intrigue.
Thérapie littéraire
Malheureusement, Petite Solange n’est pas exempt de défauts et porte bien son statut de petit film modeste, juste mais fragile. Des dialogues parfois trop littéraires et des personnages sacrifiés, comme la meilleure amie de Solange et son frère en pâtissent beaucoup, et certaines de leurs répliques comme de leurs attitudes sonnent faux, rompant ainsi (un peu) avec le sensible équilibre qu’avait su instiller Axelle Ropert. Parce que le long-métrage semble évoluer dans une bulle à part, coupée de notre époque, malgré la présence de quelques téléphones portables. C’est ce qui fait le charme, mais aussi les limites de Petite Solange.
Il en résulte néanmoins une observation juste et sensible qui touche droit son but. Parce qu’Axelle Ropert assume son héritage cinématographique, ses références, la metteuse en scène signe avec Petite Solange un film de passage à l’âge adulte loin de la redondance qui parvient à jouer sur la corde sensible sans ne jamais céder à la facilité. Un film aussi petit et sincère que sa jeune héroïne, qui n’a pas de honte à vouloir jouer dans la cour des grands.
Petite Solange est disponible en VOD et sortira le 9 juin en DVD.
Avis
Petite Solange est à l'image de sa jeune héroïne : petit, fragile, mais sincère. Axelle Ropert parvient à s'emparer du sujet rebattu du passage à l'âge adulte en s'emparant avec beaucoup de justesse des codes du mélodrame classique et de références telles que les 400 Coups avec énormément de sincérité, mais semble néanmoins évoluer dans sa petite bulle, ce qui lui confère sa qualité tout comme sa belle fragilité, et sa limite.