On dirait la planète mars est une satire politique burlesque prenant place sur ce qui s’apparente être la planète éponyme. Réalisé par Stéphane Lafleur, le cinéaste semble dresser un portrait vénéneux d’un gouvernement qui a la tête dans les nuages. Au programme, humour décalé, photographie léchée et fond de texte engagé.
La première mission habitée sur Mars est en péril. Pas de panique : une branche canadienne de l’agence spatiale envoie dans une base en plein désert cinq anonymes sélectionnés pour leurs profils psychologiques quasi identiques à ceux des astronautes. Ils doivent vivre comme eux, penser comme eux, être comme eux, pour anticiper et résoudre les conflits. Mais ici ce n’est pas tout à fait la planète Mars. Et ce ne sont pas vraiment des astronautes.
On dirait la planète mars est un très joli ovni du cinéma. Stéphane Lafleur présente ici une comédie burlesque tout en délivrant son point de vue sur ce qui semble être un constat des relations entre un gouvernement et sa société. Le long-métrage joue sans cesse avec un décalage entre le vraisemblable et l’absurde, tout en faisant écho à notre réalité politique, par sa forme, son fond et son image.
Vous avez été choisi parce que vos personnalités ressemblent à celles de nos astronautes. Vous êtes la réplique quasi parfaite de notre équipage. Avec votre aide, nous allons pouvoir comprendre les problèmes de leur vie quotidienne et trouver des solutions.
Dans On dirait la planète mars, Stéphane Lafleur semble jouer du concept de mise en abyme au travers de groupe de personnages. L’agence spatiale pourrait représenter le gouvernement (ils font les discours et donnent les directives). Les faux astronautes pourraient incarner les ministres, ou bien les porte-paroles. Enfin, les véritables astronautes en mission sur mars sont les véritables acteurs de la société. C’est eux qui ont auront un véritable impact sur la société par leur action et parce qu’ils sont en danger. Ils incarnent finalement la véritable figure héroïque du film, bien que majoritairement passé en hors-champ.
Comique de situation, humour décalé : l’auteur met en lumière les préoccupations de nos pseudos héros qui se révèleront nombrilistes, gérant des faux problèmes et créant des décalages entre une réalité importante et leur monde surréaliste, prenant alors les allures d’une véritable mascarade. Seul le personnage principal, David (Steve Laplante) semble avoir les pieds sur terre tout en ayant de véritables rêves et objectifs concrets.
Dans On dirait la planète mars, le spectateur est projeté aux côtés de cinq protagonistes. Ils sont tous très rapidement identifiables, bien développés et bien personnifiés. Les relations inter personnages sont au centre du récit et sont réussies.
Le réalisateur nous projette aux côtés de David et c’est à lui que le spectateur va se raccrocher et s’identifier. De plus, c’est celui qui semble réagir de manière la plus rationnelle à toutes les situations et celui qui se rapproche le plus de notre réalité. De fait se déclenche une empathie envers lui, ainsi qu’une véritable sympathie. Il demeure un héros tragique cependant, étant donné qu’il aura toujours du mal à être écouté par les autres et se verra challenger tout au long du film afin de convaincre son entourage de véritables solutions qui pourraient sauver les astronautes (et donc l’humanité, faisant écho à la nôtre).
Nous sommes venus comprendre le passé et écrire le futur.
Pour mettre en image ce possible sous-texte, On dirait la planète mars présente une photographie très posée, très figée, tout comme l’action qui se déroule au cours du long-métrage, sur place, sur le sol et dans un cadre. A la fois, celle-ci permet de montrer les corps des comédiens, leur laissant la place d’exister et de s’exprimer. Le réalisateur semble alors prendre du recul, se faisant discret tout en ayant une réalisation et une mise en scène personnelle, pertinente et référencée (qu’elles soient culturelles ou politiques).
On dirait la planète mars semble être une mise en abyme du septième art et de la politique d’image, opposant sans cesse rêve et réalité. Stéphane Lafleur propose un long-métrage riche en analyse et interprétation, tout en donnant une véritable personnalité et un type d’humour propre à son œuvre. Cette force sera sans doute également sa faiblesse, dans le sens où le film reste compliqué à aborder par sa forme et son fond moins codifié et normalisé des comédies dites plus « populaires ».
On dirait la planète Mars sort en salle le 2 août 2023 en salles.
AVIS
Humour décalé, ton original et photo très chouette, On dirait la planète mars est une belle curiosité à découvrir, malgré un côté un peu "intellectuel" qui freinera les moins exigeants d'entre nous.