Omnivores fait un tour du monde alléchant des ingrédients, des saveurs et des recettes, avec le chef étoilé René Redzepi.
Omnivores est une création signée du chef René Redezpi, en collaboration avec Apple TV. Propriétaire du Noma, un restaurant trois étoiles Michelin au Danemark, René Redzepi a à portée de main les mets les plus raffinés et savoureux du globe. Omnivores est le partage de toutes ces cultures et ces traditions rencontrées au fil de ses voyages et résidendes à l’étranger. Cette série documentaire en huit épisodes revient sur les huit ingrédients et animaux les plus connus et cuisinés ; le piment, la banane, le sel, le porc, le thon, le café, le maïs et le riz.
J’irai manger chez vous
René Redzepi tient à mettre en valeur les savoir-faire locaux et ancestraux. Chaque denrée est l’occasion de voyager et découvrir des individus profondément engagés pour faire perdurer les traditions, face à l’agriculture industrielle. Le travail acharné des agriculteurs ou des éleveurs est toujours mis à l’honneur. Ainsi en va-t-il aussi de leur cuisine. Omnivores suit le parcours des ingrédients de leur origine à l’assiette. Non pas, comme l’on aurait pu s’y attendre, de celle du Noma, mais bien celle de ces mêmes personnes qui dédient leur vie à la préservation des techniques et espèces rares. Omnivores parcourt le globe pour aller à la rencontre de ceux qui préservent des savoir-faire ou des espèces en voie de disparition.
Chaque ingrédient, par son unicité, dicte alors la réalisation son épisode. L’image et la musique tentent toujours de s’accorder aux saveurs et à la zone géographique visitée. L’objectif est de retranscrire cinématographiquement les sensations procurées par la consommation de l’aliment. Le piment en Thaïlande s’accompagne d’une musique rythmée et de couleurs saturées, tandis que le maïs plonge dans des fêtes foraines américaines. Dans tous les cas, chaque ingrédient, à toutes les étapes de sa vie, est magnifié par des images d’une netteté saisissante. La caméra capte aussi tous les gestes les plus importants, de la récolte à la préparation du repas. Une fois à table, les effets de post-production comme les couleurs saturées ne décroissent hélas pas. Les repas suintent une certaine superficialité qui rompt avec la spontanéité et les plaisirs simples d’un bon moment ensemble.
A la banane, mais manque de sel
L’unicité de chaque ingrédient conduit aussi à une narration qui s’adapte à son histoire. Un piment ne peut suivre le même schéma narratif que l’histoire d’un cochon en Espagne. Alors, si des épisodes comme celui sur la banane parcourent les continents (Amérique, Afrique et Asie), d’autres se focalisent sur les traditions d’un seul lieu. Cette alternance permet de ne pas sentir de lassitude au fil de ces huit épisodes d’environ quarante minutes. Cependant, leur consistance apparaîtra inégale. Le café et la banane reviennent sur des conflits géopolitiques tragiques récents (le génocide rwandais en 1994 et la crise mexicaine découlant du traité de libre échange en Amérique du Nord par George Bush). D’autres adopteront une trame plus plate, qui se contente de raconter la vie de l’ingrédient. Voire hachée, lorsqu’on saute de continent en continent toutes les dix minutes.
Les dialogues et la voix off, quant à eux, varient peu et se montrent souvent superficiels. La voix off de René Redzepi tourne autour de quelques mots clés, très souvent répétés. « Nous », « Traditions », « Culture », martelent chaque épisode et chaque étape de la vie de l’ingrédient ou de l’animal. Cette narration complimentant le passé et les techniques a du mal à prendre du recul. Elle se borne à ces éloges quand bien même les images peuvent faire émerger des discours contraires. L’épisode sur le thon s’enthousiasme sur les avions réfrigérés faisant parcourir le globe au poisson en un temps record, sans interroger le coût environnemental de la pratique, pour ne citer que cet exemple. Les interventions des locaux donnent alors l’impression d’être scriptées tant elles ne servent qu’à renforcer ce qui a été dit précédemment par René Redzepi.
L’aile sans la cuisse
Omnivores dresse un tour de table appétissant des ingrédients les plus emblématiques de l’humanité. Son angle est tout aussi intéressant ; parcourir le monde à la recherche des cultures les plus locales, tout en montrant que la nourriture nous connecte tous à l’échelle mondiale. La caméra capture alors de très belles images de ces savoir-faire traditionnels et de ces ingrédients de qualité. Cependant, la série se montre assez superficielle dans son esthétique et sa narration. Cette dernière, poussive, tourne constamment autour des mêmes termes vagues, de formulations creuses et de dialogues semblant contraints.
La série en huit épisodes Omnivores est sortie en exclusivité sur Apple TV + le 19 juillet 2024.
Avis
Le tour du monde des saveurs proposé par Omnivores permet de découvrir ce qu'il se fait de plus beau autour de huit ingrédients universels. L'image est splendide, bien qu'elle ne revienne pas à la sobriété dans les moments joviaux du repas. La narration rend aussi hommage aux cultures et à la bonne nourriture, malgré un storytelling qui bascule souvent dans un superlatif gras.