Le run narcotrafiquant de Netflix vient, avec la fin de la saison 3 de Narcos Mexico, de toucher à sa fin, dans un final d’un pessimisme complètement fou.
Miguel Angel Félix Gallardo emprisonné, les cartels sud-américains s’étripent, au profit de Amado Carillo Fuentes. Il nous a fallu un bon moment pour venir à bout de cette troisième saison de Narcos Mexico qui, malgré sa belle mise en scène et une narration aux petits oignons, se sera perdu dans des circonvolutions dispensables et à rallonges pour proposer cependant une fin de saison d’une noirceur absolue.
Toujours chapeautée par Carlo Bernard et Doug Miro, on se surprend à trouver cette conclusion de l’ère Mexico de nos chers Narcos moins bien que la précédente (notre critique de la saison 2), qui sonnait déjà comme une fin actée de ces trafics en Amérique latine. Pourtant, une dernière salve d’épisodes vient finir l’échappée mexicaine en prenant assez bizarrement le choix de suivre le plus fantomatique de ses parrains comme dernière figure de proue. De quoi illustrer l’interchangeabilité de ces trafiquants, dans des adieux très faméliques. Bien loin du happy-end. Perturbant mais pertinent.
Une dernière pour la route
Encore une fois, même pour son ultime trace, Narcos Mexico change de peau. Le générique enivrant de Tuyo de Rodrigo Amarante s’orne d’un nouveau motion design, au rouge agressif et fortement synonyme du dernier bain de sang à venir. De même, si Scoot McNairy reste prépondérant, il laisse la voix-off et la focalisation principale à la jeune Luisa Rubino, qui joue ici la journaliste Andrea Nùñez. Une façon de prendre de la distance avec la violence inhérente au show, en accentuant l’aspect critique et désabusé de cette chasse à l’homme pourtant diablement addictive. Un beau move.
Plus politique et moins graphique, cette troisième saison de Narcos Mexico ancre donc son intrigue dans plusieurs fins de règne entremêlées, les derniers balbutiements des cartels colombiens, dorénavant à la botte des plazas mexicaines qui contrôlent tout le transport. Le dialogue entre l’un des derniers pontes de Cali et le nouveau jefe de Tijuana, le discret Amado, vient effectivement confirmer cette inéluctable transformation du business.
« Avant on se moquait des mexicains, c’étaient nos coursiers pour les états-unis. Mais tu as changé tout ça. Maintenant c’est nous qui bossons pour vous bordel ! »
Mais en plus de ce changement stratégique, cette conclusion de Narcos Mexico insiste surtout sur la décente aux enfers d’une profession qu’on pourrait qualifier de… précaire. Les anciens chefs se cachent pour éviter l’armée et les règlements de compte quand d’autres sont envoyés en prison ou que les derniers se partagent les miettes de ce qu’il reste. La débandade est inévitable tout comme les leaders tendent à rester le plus secrets possibles, loin des projecteurs pour continuer à opérer, et engranger, dans le silence et l’opulence. Ainsi, Amado, génial José Maria Yazpik, tout de noir vêtu, ne fait que se perdre, se confondre avec les ombres de son grand palace tout vide.
Dépressifs et témoins d’une lutte inégale et inévitablement dramatique, ces derniers épisodes culminent cependant non pas dans l’intrigue principale, mettant en scène la traque des Narcos par la DEA américaine et les journalistes mexicains, mais dans celle parallèle, plus pessimiste encore. Celle de l’enquête menée par Victor Tapia (joué par la révélation Luis Gerardo Méndez) qui tente vainement d’élucider à Juarez le meurtre de plusieurs dizaines de femmes. Incapable d’enliser ces disparitions en série qui sont toujours d’actualité, le policier devient finalement la véritable personnification de cette saison, impuissante face à l’inexorabilité d’une lutte truquée, sale et impardonnable.
Si l’ère de Narcos Mexico est maintenant terminée, on souhaite aux prochains jefes d’être au moins aussi sombres et convaincants que leurs prédécesseurs.