On pensait le Young Adult mort au ciné dans le sillage des Divergente et autres belles bouses, mais de temps en temps Hollywood refait un essai, comme ça, juste pour voir. Et puis Peter Jackson à la prod’, ça donne du cachet à ce Mortal Engines.
Sauf que dès les premières images de Mortal Engines, on émettait l’hypothèse qu’on aurait droit à un film vraiment bien fichu, mais dont le scénar’ ne vaudrait pas tripette. Qu’est-ce qu’on s’aime quand on a raison. Pourtant c’est dingue ce que l’histoire aurait à raconter si on lui en laissait l’opportunité…
On entend par là que cette adaptation du premier tome de la saga littéraire de Philip Reeve aborde de nombreux sujets, dans un monde post-apocalyptique, qui trouvent un écho dans le contexte actuel. Il y a l’évocation à demi-mot d’un Brexit, d’un désastre écologique, de la concentration des ressources… Autant d’axes intéressants à explorer, malheureusement à peine effleurer. Il en est de même pour les personnages dont la majorité reste écrit à la va-vite, comme pour gagner du temps sur l’action. Mention spéciale au duo Katherine Valentine / Bevis Pod qui doit encore chercher son but dans la vie…
Surtout qu’en lieu et place, on se mange tous les clichés du genre avec une relation amoureuse cahier des charges et des situations prévisibles à n’en plus finir. Et quand on ne s’amuse pas à faire un bingo avec des scènes et des dialogues vus et entendus mille fois, on s’arrache les cheveux sur la débilité de certains twists (qui pompent beaucoup sur Star Wars).
Mortal Engines était à ça de réussir
Néanmoins, on ne peut nier que derrière la caméra, le novice Christian Rivers a envie de nous faire plaisir. En une introduction, le réalisateur plante le décor : le film est mené à cent à l’heure et les locomopoles sont extrêmement impressionnantes visuellement. Chaque séquence, chaque lieu visité est d’une extrême richesse et on ne peut nier que l’ambiance steampunk fait des merveilles. Mortal Engines fait preuve d’une réelle générosité dans tout ce qu’il convoque à l’écran avec un grand sens du détail.
De là notre rapprochement avec le Jupiter Ascending des Wachowski. Les deux œuvres dépeignent chacune un univers foisonnant, abordent de nombreuses thématiques et proposent quelque chose de visuellement superbe. Sauf qu’à l’arrivée, ce qui aurait mérité une saga pour être correctement traité se retrouve condensé, précipité, presque saboté. Mortal Engines aurait pu être l’un des blockbusters de l’année, il en ressort un incroyable gâchis.