Ari Aster revient après son acclamé Hérédité avec Midsommar, un deuxième film d’horreur, qui pose une pierre de plus à son style d’auteur singulier. Une oeuvre qui ne laisse définitivement pas indifférent.
Dani et Christian sont un jeune couple en pleine décadence. Alors qu’il s’apprête à la quitter, une tragédie touche la famille de Dani qui oblige son compagnon à rester avec elle. Il l’emmènera avec lui et ses amis en Suède à un festival d’une secte isolée, qui se révélera des plus étranges…
Le jeune cinéaste signe pour A24 un film qui est aux antipodes de son premier. Là où Hérédité était une histoire close et obscure, ici c’est dans des paysages ouverts et abusivement ensoleillés qu’il racontera un conte sinistre. Une lumière agressive omniprésente, une direction artistique élégante et épurée, à base de blanc et couleur pastel, qui contraste ingénieusement avec une inquiétante étrangeté du fonctionnement de cette secte. Les touches de gore sur-esthétisées, proposées avec parcimonie, offrent une beauté morbide des plus déstabilisantes. La beauté dans l’hideux, que l’on retrouve une nouvelle fois, de manière malheureusement un peu gratuite, avec ce prophète consanguin.
Une oeuvre hallucinante et hallucinée
Les rites d’un autre âge qui défient la raison, leurs mystères, le rythme lancinant de la narration, les changements entre le paisible apparent et l’hystérie soudaine offrent une profonde gêne malsaine, qui plongent le spectateur dans un malaise constant. La bande son n’est pas en reste à travers ses alternances d’envolées lyriques, de cordes tenues inquiétantes et les cris dissonants. Rajoutons la réalisation millimétrée d’Aster, sa mise en scène hallucinatoire qui nous plonge dans les trips les plus psychédéliques. Le tout offre une véritable expérience sensorielle qui prend aux tripes, donnant toute la singularité à ce film de genre qui s’impose comme unique.
Et ce sont ces qualités qui offre tout l’intérêt de cette oeuvre, car dès qu’on se tourne du côté de l’intrigue, cela est bien moins ébouriffant. Si le réalisateur s’est donné du mal à imaginer une secte totalement fictive dans les moindres détails (invention d’un nouveau langage notamment); les archétypes de ce genre de communauté (qui n’est pas sans rappeler The Apostle de Gareth Evans) cloisonnent ce conte de fée macabre dans des rails prédéfinies.
Ari Aster construit tellement bien son récit, posant méticuleusement les clefs de cette déliquescence du couple, de la dépression de son personnage; que tout le cheminement et son final est bien trop évident et prévisible. Aucune véritable surprise à l’horizon. Une histoire dont on ne sait trop si sa conclusion est poussive ou attendue. Ajoutons à cela une Florence Pugh qui a un jeu manquant de subtilité avec cette moue répétitive de bambine qui a tendance à rendre le personnage antipathique. Cependant, Jack Reynor, habituellement acteur de seconde zone, a un rôle à contre emploi qui montre un total investissement, et un potentiel jusque là caché.
Ari Aster propose donc un deuxième métrage iconoclaste, une expérience fantasmagorique et sensorielle, qui hypnotise par ses qualités esthétiques mais déçoit par ce qu’il raconte. Son style en fait tout de même une oeuvre particulièrement singulière, des plus marquantes et donne très probablement un des films d’horreurs les plus étrange et malsain de ces dernières années.