Mickey 17 est la dernière création du cinéaste coréen Bong Joon-Ho (Parasite, The Host), et si vous l’aimiez déjà, sachez que ses thèmes de prédilections sont ici recyclés avec brio
Bong Joon-Ho, à qui on doit le multi Oscarisé et Palme d’Or 2019 Parasite, le mémorable Snowpiercer, ou encore Okja (merci pour les larmes), revient nous offrir un nouveau raffinage de son cinéma, avec toujours de l’absurde, de la maltraitance animale, des morts et de la critique de classes sociales. Pour son rôle principal, il a choisi Robert Pattinson, entouré d’un casting très, très solide.
Le journal de Mickey 17
On suit le récit de Mickey Barnes, embarqué dans une arche de Noé humaine à la recherche d’un nouvel Eden. Son rôle est de mourir régulièrement pour gagner sa vie, en se faisant « réimprimer » à chaque fois, et en gardant les souvenirs de chacune de ses morts. Mickey 17 est ainsi la 17ème occurrence de Mickey, et après quelques flashbacks explicatifs, son histoire commence où elle est censée se terminer : avec sa mort… ratée.

Mickey 17 et compagnie
Pour accompagner les tribulations de Robert Pattinson, rien de moins que Toni Collette et Mark Ruffalo en duo mégalo et angoissant, Naomie Ackie dont le personnage fait presque tout le travail, Anamaria Vartolomei dont le personnage ne fait presque rien, et Steven Yeun, qui ajoute un bon élément comique à l’ensemble. Peut être même que ce sera notre personnage préféré. Pour l’anecdote, si on note la participation d’Ana Mouglalis où on ne l’attend pas, son interprétation est si parfaite qu’il n’y a quasiment pas eu de retouche post prod. Mais laissons là le mystère…

Dès les premières minutes c’est un ascenseur émotionnel qui nous transporte coup sur coup vers la mort, la douceur, la mort, la cruauté, l’absurde, encore la mort, la tendresse, la mort, la passion. Et l’ascenseur va trop vite, surement un problème de câble. Va-t-on mourir nous aussi ? Non car ça s’arrête heureusement après le récit flashback du héros. Ou disons que l’ascenseur prend un rythme normal. Il y a une évidente volonté scénaristique d’en rajouter pour faire la caricature de tout, jusqu’au nombre de morts. En effet dans le roman dont est tiré l’histoire, Mickey 7, il y a donc seulement 7 occurrences de Mickey. Pas assez pour illustrer la banalité de ses morts, et donc de son existence pathétique aux yeux du monde. Ce film vient tirer notre empathie du plus profond de notre âme.
La mort lui va si bien
Mais Mickey peut se rebeller et se mettre en colère. Pas Mickey 17, non, pour cela il faut attendre l’arrivée de Mickey 18, nouvelle occurrence, identique mais différente. Et toute l’intrigue du film repose sur leur coexistence. Cela permet de nous livrer encore une fois un Pattison magistral qui part son seul jeu d’acteur et ses expressions, postures, regards, arrive à nous faire identifier ses incarnations sans aucun artifice visuel jusqu’à la fin. L’arrivée d’un autre Mickey, différent de cœur, pose une question semblable à celle du bateau de Thésée : à savoir : le bateau est-il toujours authentique quand toutes ses pièces ont été remplacées ? Bien avisé a été Bong Joon-Ho en ne répondant pas à cette question, mais en montrant plutôt l’humanité telle qu’elle devrait être à travers des valeurs d’empathie et d’ouverture.
Et si c’était à refaire ?
Il y aurait à redire ; entre deux scènes qui maltraite nos émotions et nos petits cœurs, il y a des choses inutiles. Quelques scènes de remplissages dont on cherche l’intérêt, des personnages-outils qui permettent de faire avancer l’histoire, et même des débuts de romances avortées. C’est en effet ce qui arrive dans la vie, chaque jour, mais dans l’image globale d’un film, ça enlève de la fluidité.

La narration également, concentrée sur Pattinson, rend les autres personnages inexistants voir vides, jusqu’à la toute fin, où chacun et chacune devra prendre position sur sa boussole morale. On peut y voir une façon d’illustrer l’inaction face à la barbarie, qui se solde finalement et tardivement par un éveil des masses.
C’est donc malgré ses défauts finalement bien pensés qu’on aime et qu’on adore ce film. On y reviendrait volontiers, signe que Mickey 17 n’ira pas manger ses grands morts.
Mickey 17, sortie en salle le 05 Mars 2025
Avis
Mickey 17 est touchant, juste, attendrissant parfois. Il appel notre empathie jusqu’à la dernière goutte, Peut-être même que le film encourage à l’éveil, de celui qui nous fait cesser d’être simples spectateurs de la dictature et de la cruauté.