Materialists a créé un petit évènement à l’annonce de son casting. Dakota Johnson, Chris Evans et Pedro Pascal font dégouliner de glamour le casting du film de Céline Song. Et une fois qu’elle a attiré notre attention, c’est pour nous parler de choses sérieuses
Le film Materialists nous raconte l’histoire de Lucy Mason (Dakota Johnson), matchmakeuse new yorkaise (personne qui organisent des rencontres entre célibataires), pleine d’ambitions. Fortes de ses succès, compte tenu des « mariages à son effectif », elle pense avoir la recette mathématique idéale pour créer des couples et savoir qui ira parfaitement avec qui. Mais comme souvent, le cordonnier est le plus mal chaussé, et ses convictions sont mises à mal par des variables qu’elles n’avaient pas inclues dans ses équations.

Il s’avère que notre marieuse professionnelle est célibataire par choix. Ses exigences en matière d’hommes sont précises et élevées. Aussi en attendant de rencontrer cet homme parfait pour elle, elle se concentre sur elle-même et sa carrière. Mais le destin a de l’humour, et il place sur sa route Harry Castillo (Pedro Pascal), qui coche toutes les cases de Lucy, à savoir un homme grand, richissime, beau, gentil. Bref, c’est Pedro Pascal dans son propre rôle. Ce n’est pas si simple pour autant, car l’ex petit ami et grand amour de Lucy, John Finch (Chris Evans) est toujours dans sa vie. Lui ne cochait pas toutes les cases des critères irréalistes, dans le sens où il a la fâcheuse manie d’être pauvre et de le rester. Nous sommes donc face à un triangle amoureux, et chacun et chacune pourra spéculer de son issue.
Matérialists, mais pas superficiel
Mais alors, est-ce là tout ce qu’on nous propose : un triangle amoureux de gens beaux, riches et parfaits à New York, campé par un casting Marvel ? Non, ce n’est que la surface. Qu’on ne s’y trompe pas : cette comédie romantique nous attrape avec des paillettes, pour mieux nous servir une réflexion moderne sur l’amour. Céline Song utilise les apparences de Materialists, jusqu’au titre, pour mieux les tordre et nous emmener où peu de comédies romantiques nous avait emmené. Car ce n’est pas tant une RomCom qu’un film d’auteure, qui croque des scènes de vie, et nous invite à repenser ce que l’amour représente en 2025. Le personnage de matchmakeuse permet de rencontrer autant de couples et de situations nécessaires pour dresser un portrait moderne, parfois cru, du marché de l’amour.

On passe de la mariée, qui craint d’être en contradiction avec son féminisme, aux florilèges de critères dévalorisants (et irréalistes) recherchés. Car oui, si on a pratiqué les applications de rencontre, on sait que tout cela est vrai. N’en déplaise à nos ami.es qui partagent leurs retours positifs, on sait que les critères sont comme indiqués dans le film. On sait, qu’être pauvre ou avec peu de revenus est excluant. Egalement, que rencontrer des inconnus (oui, au masculin) peut s’avérer dangereux. Nos valeurs sont mises à mal dans l’exercice, mais surtout, on ne peut vraiment en déduire notre propre valeur.
Où l’amour prend sa valeur
Materialists parle donc de valeurs. Le champ lexical de la finance et des transactions pour parler de romance tout au long du film vient déjà gratter notre vision romantique idéalisée. On parle de notre propre valeur, à nos yeux, aux yeux des autres. On parle de celle qu’on accorde au regard des autres, ou qu’on prétend avoir. En passant évidemment par celle qu’on ne perçoit pas. Et à travers ce jeu d’acteur et d’actrice du quotidien, où on arbore des masques de matérialistes du dating, où se trouve la vraie valeur de l’amour?

Un film qui coche les cases
Qu’on se rassure, l’humour est présent pour venir ponctuer le propos et donner des respirations. Comme de faire dire à Dakota Johnson qu’elle n’est pas une bonne actrice (sans doutes une référence à Madame Web. Ou Cinquante nuances de Grey. Ou…). L’auto dérision figure depuis longtemps dans son paquetage de capital sympathie. Pedro Pascal est lui-même, le sourire en coin, le regard malicieux. Puis à mesure que l’histoire avance, il se referme sur lui. Par nécessité du rôle, il parvient à faire évoluer son personnage dans ses postures, et raconter une histoire à lui seul. Pedro Pascal n’est pas que glamour, il est aussi un grand acteur. Chris Evans n’est pas en reste, et prouve qu’il sait encore se montrer sans bouclier ni armure, touchant sans être pathétique. Ce casting n’est pas juste glamour, il est juste, et bien accordé.

Matrialists n’est pas un grand film d’un point de vue cinématographique. Mais l’écriture est vraie et aborde des considérations importantes dont on ne parle jamais. L’ensemble du casting a un ton toujours juste également, dans les silence et dans les postures. On y croit de bout en bout (sauf sur le fait d’hésiter à choisir Pedro Pascal, mais bref). Le film est touchant, il nous parle de nous, et il sait jouer avec nos émotions. On bascule du rire, à l’introspection, en passant par le coup de poing dans le bidon, qui nous ramène à nos espoirs et déceptions amoureuses. On s’identifie alors facilement et on prend des coups bien placés, juste là, pas loin du cœur. Est-ce que l’amour aujourd’hui est risqué, qu’il fait mal ? Oui. Est-ce qu’il y a quelque chose à en attendre ? Oui, tellement de choses.
Materialists, en salle en France à partir du 2 juillet 2025
Avis
Materialists réussi en un film ce que Sex and the City a échoué à faire en plein de saisons: parler du dating, de l'amour, du mariage et des valeurs que notre époque peut associer avec ces sujets. Et les problèmes avec. Assurément, c'est du bonbon pour les yeux et pour le cœur.