Marvel Pride 2024 est le volume annuel de juin, qui célèbre le mois des fiertés en mettant en avant des artistes de la communauté LGBTQIA+
Marvel a eu la très bonne idée de mettre en avant des artistes ET des Supers LGBTQIA+ dans un volume annuel, Marvel Pride 2024. Et même si on peut dire que cette écurie intègre doucement mais surement les diversités dans leur catalogue. Regrouper en un volume les artistes concerné.e.s, qui façonnent cette diversité est un bel hommage. Hélas, le rendu ne convainc pas beaucoup.
Du beau monde impliqué, et pourtant
Quand on propose des personnages auxquels le grand public peut s’identifier, on devient un facilitateur des évolutions sociétales, en normalisant tant la représentation que les interrogations. Pour ce volume on retrouvera des auteurs comme Steve Foxe (Web-Weaver), Rosi Kämpe (Spider Gwen, Ghost Spider), Marieke NIjkamp (Kate Bishop : Hawkeye), pas des inconnu.e.s quoi. Les traits sont dynamiques, modernes, colorés, et le plaisir des yeux met un coup de frais sur la Maison des Idées. On retrouve ainsi les flamboyant.es Gwenpool, Hulkling, Wiccan, la Chatte Noire, Web-Weaver, Iceberg, Tornade, Mystique…
Et pourtant, l’écriture proposée montre souvent un quotidien banal, des problématiques qui n’en sont pas vraiment, et régulièrement on se demandera « mais où veulent ils en venir ? ». Ne vous attendez pas à voir des Supers combattre le crime. On sera plutôt sur des chapitres de « thérapie », avec des discussions, des confidences entre potes, des interrogations, des histoires romantiques. Mais le résultat est décevant, malgré un catalogue pourtant bien fourni dans ce domaine.
C’est brutal à dire mais ça ne va nulle part. On a des introspections tronquées, superficielles, parfois des chapitres qui s’arrêtent sans vraie fin. On imagine aisément que les pages proposées s’imbriquaient dans quelques chose de plus cohérent, avec la politesse de donner un contexte. Mais on aura compris que pour Marvel Pride 2024, le découpage du volume aura été fait avec une vieille lime à ongle, sans contours nets, sans respect ni propreté. Des gens chez Marvel se sont dit : « Regroupons nos auteurices LGBTQIA+ et sélectionnons uniquement les chapitres où les Supers LGBTQIA+ apparaissent et se posent des questions, on aura fait notre cahier des charges ».
Au dos de Marvel Pride 2024, en petites lignes : un indice
Après la lecture, on cherche à comprendre ce qu’on vient de subir. On retourne l’ouvrage en tout sens comme une bouteille d’Innocent qui laisse des messages cachés. Et en effet, on est prévenus au dos en petites lignes : « Cet album contient les épisodes Marvel’s voices : Pride (2023) 1 et des extraits de Marvel’s Voices : X-Men (2023) 1 ». Pour du 2024, on récupère les publications depuis l’année dernière jusqu’à ce jour. Rien d’étonnant direz vous. SAUF QUE.
Au sommaire on a plus de renseignements avec la temporalité. Ce sont 8 histoires de Marvel’s Voices datant de août 2023, et 3 de Marvel’s Voice : X-Men de octobre 2023. Ça sent la commande ponctuelle, rien de régulier, et surtout, rien de nouveau. On comprend mieux alors ladite commande. A se demander si les auteurs concerné.e.s n’ont pas fait une Harrison Ford (« Je me contente de toucher des chèques« ). C’est dommage, car ce n’est pas comme si le matériel de base n’était pas propice.
De quoi parle-t-on alors?
Parmi les histoires, on voit l’émergence de la nouvelle Nightshade, même si ça ressemble beaucoup à un focus sur un personnage secondaire. On peut aussi rencontrer Web-Weaver, présenté en 2022 comme le premier Super queer de l’écurie. Un personnage très cool, mais hélas, on ne le verra pas combattre le crime. Spiderman se démène avec un vilain, mais l’histoire se termine sur… rien, il manque la suite. La Chatte noire se confie à Gambit sur se amours, Iceberg et Tornade règlent quelques comptes, Mystique s’interroge de façon superficielle sur ses valeurs, son camp. Voilà, c’est tout, ça n’apporte rien.
Marvel Pride 2024 respecte sont cahier des charges, mais sans plus
Décéptif, car on imagine aisément ce volume comme un point d’entrée grand public à de nouveaux Supers. Si vous ne connaissez pas ceux cités plus hauts, sachez que leurs histoires sont assez cools et originales. Mais pas tant ici. Le point d’entrée est raté et ne donne pas envie d’en savoir plus. Ça donne même une mauvaise image du travail des artistes énoncés, pourtant récompensés par le New York Times. C’est assez fou de se louper à ce point, c’est presque une prouesse artistique, comme tenter de faire des choses moches volontairement avec les outils numériques dont on dispose aujourd’hui (essayez, ce n’est pas si évident).
C’est bien le choix des récits pour ce volume qui pose problème. On gardera espoir que Marvel Pride 2025 proposera une meilleure sélection. La Maison des Idées continuera d’intégrer la diversité et l’inclusion dans ses histoires, car c’est dans leur ADN depuis leur tout début – relisez les X-Men.
Et ils ont plus fait pour la communauté LGBTQIA+ en abordant doucement mais surement les changements sociétaux, parfaitement intégrés aux intrigues des Supers, qu’en nous faisant une catalogue « cahier des charges » pour faire plaisir au service marketing.
Marvel Pride 2024 est sorti le 5 juin 2024 chez Panini Comics
Avis
Une bonne initiative de mettre en avant les artistes et Supers de la communauté LGBTQIA+, mais avec un matériel de base si riche, la sélection déçoit et ne rend pas hommage