Cédric Khan, réalisateur du Procès Goldman, revient sur le grand écran en ce début d’année 2024 avec Making Of, un long métrage sur les coulisses du cinéma. Une comédie de prime abord présentée comme légère, mais tirant vers le drame cynique aux allures plus que grinçantes.
Making Of était présenté par son réalisateur comme une peinture réaliste des coulisses du cinéma. Là où les égos des acteurs s’entrechoquent, où les tensions entre le réalisateur et son équipe sont à leur paroxysme. Tout ce petit monde est régi par l’argent, qui lorsqu’il vient à manquer complique largement les choses qui ne font donc que s’envenimer.
Un casting parfait
Denis Podalydès, que l’on ne présente plus, incarne dans Making Of, Simon, le réalisateur. Alter-égo de Cédric Khan, c’est un réalisateur ronchon, râleur au possible et même un peu un raté sur les bords, un cliché en somme. Si la performance de Podalydès est indéniablement bonne, le personnage est quelque peu lassant. Sa posture ne change jamais, il est fatigué, à bout du début à la fin. On a presque envie de le prendre dans nos bras et de lui taper sur l’épaule gentiment pour lui dire que tout ira bien.

Simon a une ombre dans ce film, c’est Joseph (Stefan Crepon) jeune homme rêvant de faire du cinéma. Un personnage qui évolue donc dans une sphère plus ouverte que les autres, il passe de pizzaiolo à réalisateur du making of sur le plateau. Joseph a un caractère plus posé que les autres, et c’est peut-être là son problème. Il est terriblement plat, ne renvoyant que très peu d’émotions à l’écran.
Celui qui donne du fil à retordre à son réalisateur, c’est Alain, comédien principal du film tourné par Simon. Interprété par Jonathan Cohen, Alain est un acteur imbu de sa personne, grande gueule et absolument insupportable. Il est très agréable de voir Cohen dans un rôle autre que de la stricte comédie lourde et potache. Là il est absolument imbuvable, à tel point qu’il devient l’incarnation d’un humour grinçant qui s’aligne tout à fait avec le ton du film.
Un portrait acide de l’industrie du cinéma
Au côté de Simon ; Viviane (Emmanuelle Bercot) directrice de production, largement dépassée par les caprices de son réalisateur. Marquèz (Xavier Beauvois) producteur qui n’en finit plus de faire des magouilles douteuses. Et toute une équipe de techniciens excédés par leur condition de travail. Autrement dit, chaque corps de métier de l’industrie du cinéma se fait largement rhabiller.

En somme, Making Of montre l’opposé des paillettes et de la célébrité au cinéma. Cédric Khan dépeint ce qui semble être la réalité sur un plateau de tournage. Enfin, on espère tout de même que ce ne soit pas une réalité absolue. De fait, la partie « drame » attribuée comme genre au film a ainsi son importance. Les personnages crient beaucoup lors d’engueulades répétées, qui, si elles servent le propos, en deviennent à la longue, plutôt agaçantes. Après deux heures de films, il faut avouer qu’on en a un peu marre de les voir encore et toujours se crier dessus.
Une mise en scène technique
Le titre du long-métrage Making Of évoque des images mal cadrées, tournées caméra à l’épaule, en gros plan. Cédric Khan parvient à faire un subtil mélange entre ces plans de making of et ceux du film. De plus, le choix d’intégrer le réseau social Skype dans l’équation apporte un intérêt non négligeable. En effet, Simon étant en tournage, il continue de discuter avec sa femme (Valérie Donzelli) et ses enfants en visio. Scènes qui rajoutent donc un intérêt technique supplémentaire à relever.

Making Of braque la lumière sur l’aspect méconnu du cinéma par le grand public, celui des confrontations d’égo, des soucis financiers… Pourtant, si cette comédie grinçante est assez réussie, il faudra tout de même pointer du doigt un manque de légèreté qui lui fait défaut. Le côté dramatique est trop présent et alourdit grandement le propos comique tenu par Cédric Khan.
Making Of de Cédric Khan est en salle depuis le 10 janvier 2024
Avis
La comédie de Cédric Khan est à voir pour ceux qui veulent faire du cinéma. En étant largement dans le cliché, Making Of donne un point de vue intéressant sur les tournages d’un long métrage. Le film est également un moyen de se rendre compte que les choses ne se passent pas aussi bien que nous aimerions le croire sur les plateaux de cinéma.