Maigret signe le retour de Patrice Leconte derrière la caméra pour sa première collaboration avec Gérard Depardieu. Moins qu’un film d’enquête, Maigret est avant tout un film sur son acteur.
Maigret marque la première rencontre entre Patrice Leconte et Gérard Depardieu. Il est ainsi presque étonnant que les deux, ayant chacun marqué notre cher cinéma hexagonal à coups de millions d’entrées, l’un avec des comédies cultes (Les Bronzés font du ski, Ridicule, Les Grands Ducs, Tandem), l’autre avec une filmographie monstrueuse passant les années avec une bonhommie fascinante ne se soient jamais rencontrés le temps d’un film.
C’est donc chose faite avec ce Maigret, et si Daniel Auteuil fut un temps envisagé pour ce retour du héros de Georges Simenon au cinéma, on se demande bien ce qu’aurait réellement eu à nous proposer le long-métrage de Patrice Leconte tant le metteur en scène semble plus fasciné par son acteur que son histoire.
Enquête sur un acteur
Maigret est ainsi adapté du roman Maigret la jeune morte, où notre cher inspecteur se trouvera confronté au meurtre d’une jeune femme le faisant replonger bien malgré lui dans son douloureux passé. Et si Patrice Leconte fut injustement cantonné à la comédie, le réalisateur est pourtant riche d’une filmographie très éclectique, étant déjà passé par le drame avec les très réussis Monsieur Hire et La Fille sur le pont. La reconstitution est ainsi soignée, comme la mise en scène, et l’ensemble s’avère même tellement maîtrisé que Maigret en paraîtrait presque ronflant, n’ayant que peu à envier aux téléfilms policiers dont l’inspecteur était coutumier avec l’excellent Bruno Cremer dans le rôle-titre.
Qu’est ce qui permet alors à Maigret de dépasser son enquête sous somnifère où les enjeux paraissent résolus dès la présentation des personnages ? Et bien, la présence, et pas des moindres, d’un certain Gérard Depardieu. Il est rare depuis ces dernières années de voir l’acteur s’emparer de rôles à la mesure de son talent. Il n’y a que sous le regard de quelques cinéastes que Gérard Depardieu s’est dernièrement avéré réellement bouleversant : Gustave Kervern et Benoit Délépine (Mammuth, Saint Amour), Lucas Belvaux (Des Hommes) et Guillaume Nicloux avec le déchirant Valley of Love. Dans ce dernier, l’acteur retrouvait Isabelle Huppert, trente-cinq années après le Loulou de Maurice Pialat. Le couple y reprenait leurs prénoms respectifs, y étaient acteurs et se trouvaient confrontés au suicide d’un fils.
Deuilpardieu
En rejouant sa propre histoire et en se contentant de n’être que lui-même, Gérard Depardieu y était ainsi déchirant. Avec Maigret, Patrice Leconte vise ainsi juste en filmant l’acteur sous toutes les coutures. La caméra tremble et filme ainsi le spleen d’un homme qui a perdu le goût de la vie. L’enquête est ainsi rapidement reléguée au second plan pour nous narrer le vide laissé par la perte d’un enfant, dans son infinie justesse et sa belle simplicité. Il en faut ainsi peu pour déceler bien des tristesses dans les regards de l’acteur, ici brillamment entouré des méconnues Jade Labeste et d’Anne Loiret dans le rôle de son épouse. Il est ainsi rare de voir des films entièrement construits sur les épaules d’un acteur, le faisant se confronter à sa propre histoire que Maigret en a (presque) des airs de documentaire sur Gérard Depardieu.
L’on restera ainsi plus qu’emportés par un plan final faisant disparaître l’inspecteur près des bruits d’un jardin d’enfant plus que sur une ronflante enquête et d’une reconstitution trop lisses pour être honnêtes. D’un monstre qui se dévoile, s’effrite, s’affaisse sous nos yeux béants de cinéphiles emplis de tendresse pour un acteur qui dévore l’écran, d’une créature de cinéma comme on n’en fait plus, qui semble ici révéler toute sa fragilité et sa déchirante poésie.
Maigret est sorti le 23 février 2022.
Avis
Un film qui ne vaut que pour son impressionnant acteur, mais est-ce bien suffisant ?
Un commentaire
Quel ennui….davantage un film sur Depardieu que sur une intrigue policière. Il ne suffit pas d être silencieux et lent pour donner une densité à l enquête. juste l impression d assister à une lente agonie, un temps arrêté , un acteur qui ne joue plus mais promène son mal être en guise de jeu. Dommage pour celui qui fut ce qu il était.