Nul n’a besoin d’avoir englouti l’intégralité de l’œuvre de Shakespeare pour savoir combien la question de son adaptation amène en de multiples difficultés. Comment rendre palpable le langage à la fois élégant et tourmenté de l’auteur sans se faire manger par sa mystérieuse puissance? Dernier cinéaste de la compétition cannoise à nous avoir été dévoilé, Justin Kurzel prend le pari avec Macbeth.
Dès le plan d’ouverture, on perçoit l’envie du réalisateur de faire naitre le souffle épique suggéré par le texte et les enjeux de la pièce. Le film progressant, cette intention n’aura cesse de ruer dans les brancards de la mise en scène, du jeu des acteurs ou de décors mutés au gré des humeurs des personnages. L’idée est louable mais son traitement la surligne jusqu’à en devenir impénétrable. Impossible de ne pas adhérer aveuglément ou de rester hermétique et ennuyé.
Il faut saluer ce qui émane par morceaux de ce projet-monstre. En quelques instants, Kurzel parvient à laisser éclater toute la puissance de sa singulière proposition, à l’instar d’un final à la percutante colère rougeoyante. Pour accéder en ces rares instants où la folie d’un Roi vaniteux le conduit à l’auto-destruction, il faudra passer au-dessus ou au-dedans d’une ambitieuse interprétation éthérée.
Macbeth sort le 4 novembre 2015, après sa projection en sélection officielle à Cannes.