Alors que Pixar semble ne sortir leurs films originaux que sur Disney+ (Soul et le prochain Alerte Rouge), il est temps de revenir sur Luca. Un Pixar mineur sorti en catimini l’été dernier, et désormais disponible en support physique. Une coming-of-age story classique, mais néanmoins charmante de par son cadre et sa direction artistique chatoyante !
L’excellent Soul avait bénéficié d’une sortie sur Disney+ et en support physique, ce qui s’apparentait à une exception liée au contexte sanitaire et la fermeture des salles. Mais alors que le prochain Pixar (Alerte Rouge) ne bénéficiera pas de sortie au cinéma, Luca de Enrico Casarosa avait également écopé d’une sortie vidéo. Premier long-métrage du papa de La Luna (un très beau court-métrage Pixar datant de 2012), Luca est une histoire d’amitié teintée de fantastique, se déroulant dans un décor de la Riviera italienne !
Mi Chiamo Luca
Nous suivons donc Luca Parugo, un garçon de 12 ans avec une petite particularité : c’est une créature sous-marine ! Vivant près de la côté italienne, son quotidien se résume à s’occuper de la ferme de ses parents hyper protecteurs, l’interdisant de s’aventurer trop loin de la casa familia. Malgré le fait qu’il ait entendu toute sa vie que le monde des humains était un endroit dangereux, ce dernier va rejoindre la surface et faire la connaissance d’Alberto, une créature orpheline de 14 ans et vivant seul sous sa forme humaine. Ensemble, ils vont se fondra parmi les habitants du village de Portorosso, et tenter de gagner une course de vélo. Le prix à la clé étant une vespa à gagner, et une amitié en or.
D’entrée de jeu, le constat est là : Luca est une histoire sans surprise, que l’on connait déjà ! Comme dans un Stand by Me ou Call Me by Your Name, on tient le récit d’une vraie camaraderie au même moment où les personnages traversent l’adolescence. En résulte de multiples péripéties rocambolesques et attendrissantes, mais avec un gros goût de déjà-vu, si bien qu’on connaît immédiatement les tenants et aboutissants du scénario. Et à contrario de certains films du studio comme En Avant ou Toy Story 4, Luca ne semble pas proposer de réelles idées en terme d’univers, d’écriture ou de réelle singularité !
Un constat dommageable tant il s’agit du postulat de base du studio à la lampe de manière historique. Malgré tout, le métrage se suit sans déplaisir via un vrai rythme, une ambiance estivale qui sent bon le far niente, des personnages bien caractérisés (avec un aspect visuel atypique, notamment en ce qui concerne Giulia, son père Massimo ou le bad guy Ercole Visconti) et bien sûr un message d’acceptation de la différence (traité de manière trop rapide et en coup de vent il est vrai), et surtout de l’acceptation de soi. Une thématique certes déjà vue, mais qui a le mérite d’être abordée avec sincérité malgré le caractère programmatique de l’écriture de Luca !
Santa Mozzarella
Tout comme Ratatouille, Luca est aussi un florilège d’iconographie culturelle (pas pour la France mais pour l’Italie cette fois). Ce que certains verront comme de joyeux clichés n’est au final qu’une manière de célébrer la culture et d’accentuer l’identité du métrage : entre l’ambiance qui sent bon l’huile d’olive, le décor de Porcorosso directement influencé par la Cinque Terra, les diverses expressions « Forza al Pesto » des persos, l’amour de la Vespa et des Gelati et les sonorités chaudes de la BO de Dan Romer !
Une ambiance solaire chargée d’images d’Épinal qui est avant tout une vraie célébration pleine de bienveillance. Le bonus étant évidemment que visuellement et techniquement, c’est toujours un boulot admirable des studios Pixar, tant au niveau des textures que des effets volumétriques ! Oui, c’est beau et charmant comme tout !
Enrico Casarosa s’est donc inspiré de ses souvenirs d’enfance pour créer son histoire. Une amitié qui ne dévie pour ainsi dire jamais de ses rails, si ce n’est une poignante séquence de trahison. Et malgré un univers fantastico-aquatique non exploité ou un climax très rapidement résolu, Luca parvient justement à charmer pour ses qualités pré-citées, ainsi que via sa recherche émotionnelle et d’authenticité.
On notera également quelques parenthèses oniriques aux élans cosmiques plutôt bien trouvés. Dommage que le film n’aille pas plus loin pour devenir un métrage plus singulier. Néanmoins, via le soin global apporté, son ambiance italienne délectable, et une fin plutôt touchante, Luca reste un Pixar à voir ! Simpatico donc !