Article écrit par Chloé Claessens
« Toute cette putain de planète, c’est un immense trou de balle ! »
Un Jardin de Sable fait partie de ces lectures remuantes. On y parle de putes, d’alcoolisme, d’assistance, de fange, d’inceste. Sans jamais porter de jugement, Earl Thompson dépeint les bas-fonds d’une société oubliée de ses dirigeants. Roosevelt n’a qu’à aller se faire foutre. Si sa galerie de loqueteux en est là, c’est à cause de son putain de New Deal. Steinbeck, vous avez dit ?
Viscéral. Il y a quelque chose de Bukowskien chez Thompson. Et de plus pervers encore. Son style maîtrisé capte instantanément l’attention du lecteur. Il l’embarque avec fluidité dans une épopée de misère, balayant la moindre lueur d’espoir d’un revers de plume calculé. On ressent de la pitié, du dégoût. Mais aussi de la tendresse alors que les pires tabous ont été brisés. On déteste Un Jardin de Sable comme il nous passionne. C’est sordide, brutal, fascinant, viscéral.
Cadeau empoisonné. Thompson n’avait jamais été traduit en français. Une grave erreur réparée par Monsieur Toussaint Louverture qui offre en vérité une tunique de Nessus. La puissance d’Un Jardin de Sable est telle qu’elle ne peut que délaver toute lecture qui lui succède.
Un Jardin de Sable est sorti en janvier 2018