Pour le pire est un thriller psychologique très sombre et haletant qui nous précipite dans une spirale infernale où rien ni personne n’est fiable.
Pour le pire nous offre le meilleur du polar ! Sous le pseudonyme de E.G. Scott, deux écrivains qui marquent ici leur première collaboration : Elizabeth Keenan et Greg Wands. Dans une ambiance hautement cinématographique, c’est une véritable toile d’araignée qu’ils tissent avec talent. Ainsi, lorsque des policiers sonnent à la porte de Paul et Rebecca, à la recherche d’une femme disparue, le couple est encore loin d’imaginer que le pire est à venir…
« Il y avait un océan de non-dits entre nous, mais ça ne faisait qu’ajouter du piment à notre relation ; j’aimais être son énigme, et il devenait la mienne aussi. Je me rends compte à présent qu’il ne faisait que se protéger.«
Une spirale infernale
Fragilisés par des difficultés professionnelles et financières, ainsi que par une enfance douloureuse qui continue à les hanter, Paul et Rebecca n’ont plus grand chose du couple idéal. Ils se mentent, se trompent, chacun à leur manière. Clairement, ils n’ont pas grand chose d’attachant. Pas plus que les autres personnages d’ailleurs, mais cela ne nous a pas gênés. Car en venant frapper à leur porte, les deux policiers vont faire basculer le premier domino d’une longue série dont rien ne pourra interrompre l’effondrement. Et, dès lors, on se retrouve plongés dans un entremêlement de secrets dont on a du mal à entrevoir le bout.
Pas le temps de s’ennuyer
Il n’y a d’ailleurs pas que ça qui s’entremêle. Car les voix des différents protagonistes – enquêteurs y compris – se font entendre à tour de rôle. Chaque chapitre nous indique de quel point de vue l’histoire se place alors, et c’est donc en lecteur omniscient que nous décortiquons lentement l’intrigue. Ajoutez à cela des chapitres relativement cours et des promenades dans le temps, et vous obtenez une écriture rythmée à souhait et un niveau de suspense psychologique constant ! Cela nous sème toutefois un peu, surtout dans la première partie. Mais la lecture devient beaucoup plus fluide dès lors que l’enquête revient au moment présent.
Un parfait brouillard
Il est d’emblée détestable, ce Paul qui, en plus d’être menteur semble avoir la fâcheuse tendance d’entretenir des relations extra-conjugales. Pas beaucoup plus attachante d’ailleurs celle qui partage sa vie depuis vingt ans, Rebecca, aux airs d’éternelle victime, accro aux médicaments. On comprend rapidement qu’il vaut mieux se méfier des apparences avant de choisir son camp. Car aucun des autres protagonistes ne semble davantage digne d’une totale confiance. D’autant que c’est à travers leur propre interprétation des faits que nous tentons de nous frayer un chemin vers la vérité. Mais qui sont-ils tous ?! Et où se trouve le vrai danger ? Pour le savoir, il faudra attendre d’arriver à cette fin noire ô possible et surprenante, clairement à la hauteur de nos attentes.