Le Dico, de son petit nom à rallonge « le dictionnaire de la richesse et de la diversité de la langue française d’aujourd’hui« nous a été confié pour un examen exigent. On a plongé au coeur de ses fines pages…
Adapté du Wiktionnaire
Les éditions Garnier ont choisi d’éditer Le Dico en prenant leurs sources auprès du Wiktionnaire, le dictionnaire libre de la galaxie Wikimedia. Une idée saugrenue au premier abord, qui a laissé sceptique notre côté journalistique, face à cette source réputée, le plus souvent, peu fiable. C’était sans compter sur une équipe de linguistes et de lexicographes, qui, il faut l’avouer, semblent avoir bien fait leur travail (non, on n’a pas vérifié tous les 40 000 mots).
Vient ensuite la question du pourquoi de ce choix. L’équipe a souhaité mettre sur papier toute la richesse et la diversité du français d’aujourd’hui. Une petite phrase qui en dit long sur leur volonté de s’émanciper du travail et des canons de l’Académie Française et du bien connu Larousse.
Une réelle émancipation ?
Le Dico souhaite présenter une version structurée, visuelle et rapide, une maquette aérée du son bloc papier. Malheureusement, la différence n’est pas vraiment flagrante avec un bon vieux Larousse.
Reprendre une version web pour créer une version papier était-ce bien nécessaire au temps où le numérique prend le pas sur le papier ? Oui si l’on souhaitait présenter une autre version de la langue française, peut-être plus familière, courante.
« Tous les rédacteurs du Dico ont remis à plat les définitions du Wiktionnaire pour obtenir une photographie de la langue française en 2019. »
explique Maxime Perret, coordinateur du projet.
On ne niera pas, tout l’aspect souhaitant montrer l’évolution de la langue est intéressant. Sur environ un million de mots, 250 ont leur étymologie détaillée. Il en va de même pour les réseaux de mots présentant leur fonctionnement par famille, expressions et métaphores en bonus.
Pour la partie Annexes, on retiendra seulement les explications intéressantes pour les préfixes, suffixes et leurs origines. Tout le côté grammaire s’avère trop superficiel et on préfèrera un bon Becherel.
S’ouvrir au langage, mais pas trop loin non plus
Le Dico permet une ouverture sur des mots langue française qu’on ne retrouverait pas dans un dictionnaire traditionnel. On y retrouve des anglicismes (bashing, flashmob, swag, putaclic…), d’autres plus argotiques ou de l’ordre du familier (zapper, zarb…), voir du péjoratif comme (pute, merde…). Etrangement, les rédacteurs se sont montrés assez prudes sur la sexualité (on retrouve pénis avec zizi, mais pas « bite » par exemple). On peut donc se demander quel a été le réel critère de choix de mots pour ce Dico.
En effet, si l’on marque sa volonté de se démarquer du dictionnaire traditionnel pourquoi ne pas avoir véritablement foncé et fait le choix de ne choisir que des mots d’argot, de langage familier, usité tous les jours ? Ainsi, le Dico aurait pu être un complément au dictionnaire traditionnel, mettant en avant des mots que l’Académie française a toujours du mal à intégrer. Après lecture, il en ressort une sensation d’incomplet.
Une compilation incomplète ?
Ainsi on ne voit pas beaucoup d’intérêt à le consulter sur papier. Lourd, il n’est pas vraiment consultable à tout moment. Les choix lexicaux s’avèrent très pauvres face au Wiki, logiquement plus complet, car sans contraintes de poids et d’espace. De plus, Le Dico rate le public qui aurait été le plus intéressant de viser, les jeunes.
Si les « vioc' » s’interrogeront sur quelques termes grappillés ici et là, c’est en les générations suivantes eux qui s’intéresseront plus particulièrement aux nouvelles et anciennes modes linguistiques, ainsi qu’à leurs significations.