Les Promesses tombe à point nommé. Le second long-métrage de Thomas Kruithof remet au centre une politique du quotidien, porté par un scénario lorgnant volontiers vers le thriller.
Les Promesses sort en pleine campagne présidentielle, au moment où les débats stériles et les petites phrases chocs ponctuent un espace médiatique très friand de ce genre de petits coups bas. Le second long-métrage de Thomas Kruithof s’avère ainsi bénéfique à mettre en scène de la plus intelligente des manières une politique du quotidien, perpétuellement étouffée entre manœuvres, mensonges et égo. Un casting prestigieux, un scénario brillant pour des promesses qui s’avèrent enfin tenues.
Politique humaine
Les Promesses perpétue une lignée de projets sur la politique dont notre cinéma hexagonal a su s’emparer avec beaucoup de talent. L’Exercice de l’État, Quai d’Orsay, Alice et le Maire et la série Baron Noir (on oubliera volontiers le récent Présidents) sont ainsi autant de réussites notables dont le second long-métrage de Thomas Kruithof suit l’intelligence et l’analyse de propos. Parce qu’il s’agira ici d’observer les rouages d’une politique municipale, au détour du dernier mandat d’une maire du 93 (Isabelle Huppert) et de son directeur de cabinet (Reda Kateb) et de leur combat pour rénover un ensemble urbain prompt au délabrement.
Teinté d’une peinture sociale très réaliste, le long-métrage nous plonge ainsi dans les arcanes d’une politique du quotidien qui se heurtera avec intelligence à plusieurs inévitables embûches propres à l’exercice. Rien ne sera ainsi épargné d’une représentation politique très contemporaine, prise dans l’étau des mensonges, de l’égo et des arrangements, prenant ici une dimension très humaine car attaquant son sujet de front. Un état des lieux passionnant dont ne se contentera pas le scénario de Thomas Kruithof et Jean-Baptiste Delafon, qui nous précipite dans une engrenage lorgnant volontiers du côté du thriller.
Combats ordinaires
Parce qu’une fois le tableau et les enjeux parfaitement posés, l’on suit avec haleine les errances de chacun des deux personnages principaux dans ce combat de chaque instant qu’est la politique, avec une conclusion à la hauteur des espérances. Les Promesses s’entendent ainsi être tenues, et de la plus intelligence des manières. Des obstacles rappelant chacun à sa propre condition d’un combat et de manœuvres brillamment retranscrites ne laisseront ainsi personne indemne et ce jusqu’aux dernières minutes du long-métrage.
Le second film de Thomas Kruithof dépeint ainsi avec brio une politique qui tentera de corrompre, d’affaiblir et de désarçonner une quête des plus nobles. Ne cédant jamais à la facilité scénaristique, aucun personnage ne sera cantonné à une seule facette, perpétuellement confronté à des revirements d’une profession aléatoire, et aussi inattendue que frustrante, où chaque grain de sable pourra autant décourager que redonner de l’espoir. Les Promesses permet ainsi de toucher du doigt, une heure et demie durant, ce mouvement instable et perpétuellement mouvant qu’est la politique. D’un exercice éprouvant, lorsqu’il s’agit de servir des causes et non uniquement la sienne, afin d’enfin accéder au bien commun.