Le cinéma finlandais n’est pas très connu en dehors de ses frontières. Un seul cinéaste contemporain a véritablement réussi à se faire un nom à l’étranger : Aki Kaurismäki (L’Homme sans passé, Le Havre). Il débarque au Festival de Cannes 2023 accompagné de son univers bien à lui avec Les Feuilles mortes, un récit comique empreint d’une poésie « chaplinienne »
Dans le milieu ouvrier à Helsinki, un homme alcoolique et une femme solitaire se rencontrent. Hélas, la vie s’en mêle et pose de nombreux soucis aux amoureux pour se retrouver et s’aimer. Sous fond de guerre en Ukraine, ce jeu de cache-cache est au centre du récit, apportant son lot de drame, mais toujours avec un traitement humoristique et décalé.

Il faut dire que le cinéaste est fortement inspiré par le cinéma de Charlie Chaplin. À la manière du cinéma de ce dernier, Kaurismäki développe une ambiance magique pleine de tendresse, d’amour et de douce mélancolie. En soi, il propose avec les Feuilles mortes une œuvre au langage si singulier qui ne peut exister que dans le 7e Art.
Réalisation colorée et référencée
Utilisant ce contexte industriel avec tout ce que cela implique – ambiance sonore, jeu avec les textures et les lignes, misère sociale – la mise en scène du cinéaste se révèle précise et inspirée. Il utilise les contrastes de couleurs pour créer des images saisissantes ou alors il joue sur des tons complémentaires pour rapprocher les personnages dans le cadre. Le cinéaste démontre tout son talent pour composer les images d’un récit, saisissant l’émotion des personnages par la poésie des plans.

Le moins que l’on puisse dire c’est que cette esthétique est fortement sous influence. Les références au cinéma de Bresson, Demy ou encore de Ozu se sentent à travers le long-métrage. Pour autant, à la manière de Quentin Tarantino, le cinéaste réussit à trouver le ton juste pour créer son style bien à lui. À aucun moment, on a l’impression de regarder un pastiche de grandes œuvres d’antan… On admire tout simplement un film d’Aki Kaurismäki.
Romance et comédie main dans la main
Comme tout bon amateur de jolies images, Les Feuilles mortes fait la part belle aux gueules de cinéma. Les protagonistes ont des visages très typés à l’image de l’acteur principal, Jussi Vatanen, qui ressemble comme deux gouttes d’eau à James Stewart. En compagnie de l’actrice Alma Pöysti, ils forment un couple à l’écran des plus charmants. Maladroits, solitaires, terriblement amoureux l’un de l’autre sans véritablement se connaitre, c’est tout simplement irrésistible.

Qui plus est, le film se révèle extrêmement drôle. C’est par son utilisation de dialogues absurdes (avec un rythme tout aussi absurde) et de péripéties improbables et cocasses – une scène de karaoké hilarante – que le film réussit à devenir un bijou de comédie. En bon cinéphile, Kaurismäki adore l’humour pour cinéphile. Sans les références, il peut être difficile de comprendre nombreux traits d’humour, ce qui fait qu’ils peuvent perdre de leur vigueur en fonction du spectateur. C’est peut-être le seul véritable reproche qu’on puisse faire aux Feuilles mortes : réclamer une connaissance du cinéma au spectateur pour pleinement l’apprécier à sa juste valeur. Néanmoins, même sans cela, le cinéaste a un style d’humour universel (comme Chaplin) et se regarde probablement avec plaisir sans ce savoir.
Bref, Les Feuilles mortes est une œuvre foisonnante d’idées, bouillonnante de passion pour le cinéma et d’amour pour l’humain. Un petit bijou cinématographique !
Les Feuilles mortes sort le 20 septembre 2023 dans les salles obscures. Retrouvez tous nos articles du Festival de Cannes 2023 ici.
Avis
Bref, Les Feuilles mortes est une œuvre foisonnante d’idées, bouillonnante de passion pour le cinéma et d’amour pour l’humain. Un petit bijou cinématographique !