En 2006, à Mulhouse, est retrouvé dans la maison d’un ouvrier, le tableau Les Tournesols d’Egon Schiele. Cette découverte d’une œuvre qu’on croyait perdue à tout jamais est l’histoire vraie dont s’est inspirée Le Tableau Volé, film de Pascal Bonitzer avec Alex Lutz, Léa Drucker et Nora Hamzawi.
Dans Le Tableau Volé, Pascal Bonitzer revient sur cette redécouverte incroyable d’un tableau d’Egon Schiele à Mulhouse en 2006. Avec Alex Lutz, Léa Drucker et Nora Hamzaoui, le film s’attache à raconter cette histoire vraie et brosse un portrait, assez fade, du marché de l’art.
Je vends donc je suis
Pour un curieux, le monde de l’art a quelque chose de résolument sexy et de totalement incompréhensible. Pascal Bonitzer semble se ranger du côté des flâneurs des musées lorsqu’il admet lui-même que Le Tableau Volé était une pure commande de la part de son producteur, Saïd Ben Saïd. De fait, il avoue ne pas être fin connaisseur de ce milieu avant de se lancer dans le projet. Autrement dit, ce long-métrage s’est fait sur la base d’une demande, en résulte donc un film lisse aux allures de pure produit commercial.
Le Tableau Volé est un film dont on a pas retiré le blister. L’histoire vraie de la redécouverte du tableau de Schiele, qui donne tout de même son nom au film, se dessine en toile de fond. Et si l’aspect éducatif du scénario, qui prend le temps d’expliquer à quoi correspond l’art dégénéré, n’est pas à négliger, ce n’est toujours pas totalement le réel sujet. En effet, ce qui se dessine comme étant le fil narratif principal, c’est la description d’un milieu dans lequel tout le monde fait semblant. Bonitzer donne à voir un univers où tout est question d’argent. Il faut vendre pour exister aux yeux des autres et c’est à celui qui conclura la plus grosse transaction. Mais tout ça, sans un brin de romance, ça ne donne pas grand-chose à l’écran.
Un petit sourire peut-être ?
André Masson, commissaire-priseur dans la célèbre maison de vente Scottie’s reçoit un jour un courier lui faisant part de la découverte d’une toile de Schiele. Jusque-là, rien de transcendant. Cette première phrase fait tout à fait office d’un bon pitch pour un film. Malheureusement, Le Tableau Volé s’enfonce vite dans une espèce d’antipathie dont le long métrage ne parviendra pas à se détacher. Le personnage d’André Masson, incarné par Alex Lutz en est l’épicentre même. Certes, il est ce vendeur extrêmement énervant, assez imbus de sa personne et prétentieux au possible. Là-dessus, le jeu d’Alex Lutz colle parfaitement à un tel profil. Mais ça suffit cinq minutes, c’est effectivement rigolo de voir un personnage aussi imbuvable, mais il s’agirait aussi de savoir sourire pour faire varier les expressions faciales.
À ses côtés, Léa Drucker qui joue Bernita, évolue dans un nuage tout autant, si ce n’est plus, très opaque. Elle ne renvoie rien, zéro émotions. Ou peut-être juste l’envie de lui effacer cet espèce de micro-sourire suffisant. Dans ces personnages féminin qui accompagnent Alex Lutz, il y a aussi celui d’Aurore, la stagiaire d’André Masson jouée par Louise Chevillotte. Personnage, qui s’il aurait pu être intéressant, rate le coche dans ce film. A aucun moment son histoire n’est développée, on ne comprend rien à ce qui lui arrive. Comme les autres, elle tire une tronche de quatre mètre de long. Nora Hamzawi, Maitre Egerman est peut-être la seule à dégager une espèce de douceur. C’est celle qui semble le plus se soucier de l’histoire. Et ce, évidemment, quand elle n’a pas l’air de se faire chier et de se demander pourquoi elle est là.
Un film doit savoir ce qu’il raconte
Les histoires de ventes aux enchères d’œuvres d’art qui font jaser dans la presse ont souvent des allures assez rocambolesques. La peinture a quelque chose de fascinant et on comprend l’envie des réalisateurs de réussir à capturer l’essence de cet art au cinéma. Il n’y a pas à chercher loin, les biopic sur des peintres autant que sur des histoires de ventes pullulent sur le grand écran. Mais dans tout ça, il y a une histoire de fond qui permet de réellement porter le scénario et d’ainsi piquer notre curiosité ; un rachat, des actions en justice pour obtenir des droits sur une œuvre…
Malheureusement, Le Tableau Volé n’a pas la même prétention et essaie de dépeindre un univers qui s’avère relativement vide lorsqu’il est dépourvu de réels objectifs scénaristiques. Le film de Bonitzer parle surtout du marché de l’art, petite déception en vue pour les amateurs des toiles de Schiele, on ne la voit pas beaucoup à l’écran. Il y a donc un manque cruel au scénario du film pour aboutir à un résultat réellement attrayant.
Le Tableau Volé de Pascal Bonitzer est un film lisse, le genre de film qu’on s’obstine à regarder jusqu’au bout sans vraiment savoir pourquoi. A scénario tiède, personnages antipathiques et histoire qui aurait pu être vraiment passionnante, Le Tableau Volé est une ébauche de fiction sans âme aux allures bien trop commerciale.
Le Tableau Volé est disponible en DVD et VOD dès le 3 septembre
Avis
Le Tableau Volé est un long-métrage figé dans un espèce d’antipathie qui nous empêche d’entrer dans l’histoire. On est réellement spectateur d’un film sans aspérité et clairement pas des plus avare en matière d’émotion à transmettre.