David Michôd, auteur australien de Animal Kingdom ou encore The Rover, revient aux affaires sérieuses chez Netflix avec Le Roi.
Le Roi est donc une fresque médiévale située au XVe siècle nous montrant l’ascension du jeune Henry V (adaptée de l’œuvre éponyme de Shakespeare). L’accession au trône d’Angleterre se fera au même moment que les tensions avec le royaume de France culminent en un conflit sanglant.
Michôd a toujours été un cinéaste montrant les frictions au sein d’une famille, de groupes d’individus, et ici il applique le même traitement dans une histoire de trahisons, d’acceptation de responsabilité, de confrontation à un autre souverain et du fardeau de la couronne.
Le tout peut s’avérer finalement classique dans son déroulé, mais le tout est suffisamment incarné et réalisé avec soin que le tout embarque le spectateur dans une reconstitution historique exemplaire de 2h20.
Une production digne d’un roi
Que ce soient les décors, les costumes ou même les quelques effets spéciaux supervisés par Andrew Jackson (Mad Max Fury Road, Dunkirk, Tenet), le film transpire une authenticité et une certaine élégance pleine de sobriété nous immergeant littéralement au Moyen-Âge. La photographie d’Adam Arkapaw (Macbeth, The Light Between Oceans) est âpre, précise, et laisse transparaître les nuances de gris des personnages.
En parlant d’eux, Timothée Chalamet est encore une fois touché par la grâce. Via une interprétation tout simplement royale, il porte le film à lui tout seul dans un rôle pas facile à appréhender, celui d’un jeune Roi devant faire preuve d’assurance et de leadership, où le poids du titre écrase jusqu’au sang toute forme de miséricorde (la fin du film, nihiliste et douce amère, est parfaite).
Le reste du casting de Le Roi n’est pas en reste : Sean Harris et Joel Edgerton sont impeccables, Ben Mendelhson et Lily-Rose Depp très bons, et la palme à un Robert Pattinson (que l’on voit très peu) livrant une performance haute en couleur d’un jeune prince français imbu de sa personne.
Du plaisir pour les yeux et les oreilles
David Michôd est autant à l’aise dans des scènes de dialogue que lors de batailles ou scènes plus musclées : ces dernières là encore très brutes, montrant chaque coup d’épée comme un geste sans humanité et vain en comparaison des forces plus grandes en jeu (à noter un plan-séquence d’excellente facture en dernière partie de film, passage obligé de tout film de ce genre).
Pour finir, que dire de l‘OST magnifique de Nicholas Britell (Moonlight, If Beale Street Could Talk, Vice), pleine de majesté et de mélancolie (les rares notes d’émotion viennent surtout de là plutôt que du récit en lui-même).
En résulte une très bonne fresque médiévale qu’on suit avec un vrai plaisir de cinéma, sans esbroufe, sans stylisation, tout en maîtrise, noblesse et pureté. Le Roi est une preuve de plus que Netflix peut compter à son bord un nouveau très bon film.
CharleyD
4 commentaires
Vous plaisantez j’espère, ce film est bourré d’incohérences et d’approximation typiques des productions anglo saxonnes… « reconstitution historique exemplaire » c’est un peu fort, deux minutes de recherches sur Google prouvent le contraire
peut-être aurai-je dû le repréciser, mais ce que je dis concerne toute la fabrication du film en terme de production design, de costumes,de représentation des combats en armure (lourds et absolument pas glamourisés comme on l’a dans 90% des productions médiévales). Par contre pour ce qui est du déroulé des évènements, évidemment que ce n’est pas un biopic —> il s’agit d’une adaptation de Henry V de William Shakespeare (œuvre qui pour le coup romançait déjà cette partie de l’Histoire). C’est donc en tant que tel qu’il faut voir et apprécier The King 😉
Mais absolument pas ! Les costumes sont anachroniques, les armures de même. Lisez cet excellent article qui detricote le film.
https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/azincourt-comment-film-roi-netflix-pietine-allegrement-realite-historique-1744495.html
Mais là encore l’article a tout faux dans son raisonnement 🙂 Le film n’est aucunement biographique ou censé être une reconstitution des faits réels.
C’est une revisite de la pièce de William Shakespeare (tout comme par exemple le film Braveheart de Mel Gibson revisitait à sa sauce l’histoire de William Wallace ; pourtant le film n’est jamais décrit comme un biopic mais une version romanesque qui conserve néanmoins un ancrage historique). Dans cette optique on ne peut reprocher au film d’être ce qu’il n’est pas (mais cela n’enlève en rien tout le travail effectué pour coller à cette vision-ci)
Envoyant le film à aucun moment on se dit que le Dauphin de France était de la sorte ou est même décédé de cette façon 🙂