Filmer les échecs tel un sport comme un autre et vous y perdrez l’essence même du jeu. Marginalisez-le trop et on se retrouve devant un tournoi bien triste. En cela Le Prodige porte bien son nom en réussissant deux choses : apporter de la tension au bord d’un échiquier et permettre à Tobey Maguire d’obtenir son meilleur rôle.
Avec sa tête de monsieur-tout-le-monde et son apparente fragilité, sa timidité, Tobey Maguire n’a jamais rencontré le succès de ses pairs, pire, nombreux sont les spectateurs à le prendre en grippe. Des « faiblesses » dont l’acteur se sert ici pour composer son personnage de prodige paranoïaque à la perfection. Dans sa folie, dans son innocence, dans ses réflexions, dans ses exigences de diva, dans cette partie aux enjeux bien plus grands que lui, Tobey Maguire n’incarne pas, il est Bobby Fischer.
De son côté, le réalisateur estimé Edward Zwick (Blood Diamond, Le dernier samouraï) n’a rien perdu de son talent. Par sa mise en scène tendue, ses images d’archive, il recrée cette ambiance électrique d’une lutte entre deux blocs, deux nations, le tout concentré sur 64 cases. Parfois manquant de souffle, Le Prodige parvient à nous le couper pendant le dernier quart. Échec et mat.
Le Prodige sort le 16 septembre 2015