Le Discours, c’est Laurent Tirard qui quitte l’univers des adaptations franco-belges pour revenir à son amour pour les héros perdus et se frotter à l’univers mélancolique de Fabcaro.
Le Discours fait du bien dans la filmographie malheureusement inégale de Laurent Tirard depuis le succès du très réussi Mensonges et trahisons et plus si affinités en 2004. Passé par les adaptations, avec le succès du Petit Nicolas en 2009 puis de sa suite en 2014, Tirard s’était ensuite cassé les dents sur son adaptation d’Astérix : Au service de sa majesté et de deux Jean Dujardin plus que mineurs, Un homme à la hauteur et Le Retour du héros.
Le pari
Le Discours, adapté de Fabcaro sera donc décidemment à l’honneur cette année avec la sortie d’un autre long-métrage tiré de l’une de ses œuvres, Zaï Zaï Zaï Zaï, réalisé par François Desagnat et prévu pour la fin d’année. Laurent Tirard retrouve dans ce personnage la folie et la fougue des héros littéraires qui faisaient la force de son début de carrière. Malheureusement le réalisateur, après plusieurs projets à gros budgets s’est quelque peu lissé, et son huitième long-métrage, malgré sa sympathie, en pâtit lourdement.
Le Discours de Fabcaro, donc, avait tout du projet d’adaptation à haut risques, tant le livre partait d’un point de départ minimaliste, à savoir la demande insistante d’un beau-frère à réaliser le discours de mariage en attendant impatiemment la réponse au SMS de la femme qu’il aime, ayant mis leur relation en pause depuis un peu plus d’un mois. Fort de ses digressions, l’adaptation de Laurent Tirard misait alors un pari que seul la littérature pouvait combler, avant que Laurent Tirard ne s’échine avec une certaine réussite à écrire et mettre en scène ce projet plus que risqué.
Du tempo et puis tant-pis
Parce que Le Discours de Laurent Tirard est loin d’être un ratage : artifice de mise en scène pour souligner les digressions du livre, des flashbacks aussi inventifs qu’hilarants, et un casting imparable mené par un Benjamin Lavernhe qui n’en finit plus de nous prouver l’étendue de son talent. Pourtant la démonstration tourne rapidement à vide, et finit inlassablement par se répéter, les artifices laissant place à une mécanique malheureusement trop bien huilée nous menant vers un final aussi plat qu’en deçà du tempo ravageur instillé par Laurent Tirard et son formidable acteur.
Trop appliqué à dévoiler sa mécanique, le réalisateur délaisse ainsi sa formidable troupe (Sara Giraudeau, François Morel, Guilaine Londez, Julia Piaton et Kyan Khojandi) et nombre de sous-intrigues pour peu à peu se glisser vers un final aussi fade que décevant, malgré le rytme imparable mis en œuvre jusqu’alors. On aurait ainsi tort de considérer cette adaptation comme un échec, tant Laurent Tirard réussit ici un beau pari et renoue avec le meilleur de sa filmographie.
On n’attendait juste plus de ce Discours qu’une parenthèse aussi séduisante que malheureusement factice, qui nous rappelle ici que la folie et l’invention du cinéma se trouve derrière celle, nettement plus excitante et infinie, de la littérature.