Mini-série inspirée de faits réels et produite par TF1 (distribuée internationalement par Netflix), Le Bazar de la charité a attisé notre curiosité, peut-être pour le pire.
L’histoire débute le 4 mai 1897, 3 heures avant le terrible incendie qui va causer la mort d’environ 120 personnes (presque exclusivement des femmes). Comment décrire l’indescriptible ? Catherine Ramberg, la créatrice de la série et Alexandre Laurent, le réalisateur, y répondent façon Leonardo DiCaprio dans Once Upon a Time In Hollywood. Âmes sensibles s’abstenir : les corps encore vivants brûlent sous nos yeux et nous assistons impuissants à cette terrible scène, pensant aux destins tragiques de ces malheureuses et malheureux.
Personne ne sort indemne de ce premier épisode. Encore sous le choc et tétanisés d’horreur, nous ne pouvons nous empêcher d’interroger l’utilité de montrer aussi froidement (chaudement me direz-vous…) la mort de centaines de femmes. Au-delà d’une forme d’empathie humaine, Le Bazar de la charité fait écho à notre propre contemporanéité : des hommes et des femmes pris au piège, un mouvement de foule, des hurlements de désespoir et de douleur, des gens piétinés face à ceux qui perdent leur sang-froid tentant par tous les moyens de survivre, des urgences débordées et non préparées à un tel drame. En cette période de commémoration, cet événement fait douloureusement penser aux attentats du 13 novembre 2015.
Volontaire ou nous, la série parvient à nous clouer de stupeur, regrettant même de l’avoir commencée. Y a-t-il un but artistique dans cette démonstration de l’horreur ? Rien n’est moins sûr… Le but narratif y est un cours instant : un rebondissement primordial y surviendra. Mais était-ce bon et nécessaire de montrer pendant des dizaines de minutes un tel incident ? On se pose encore la question…
Le meilleur est à venir ?
Si la fin du premier épisode nous a laissés perplexes, nous quittant sur un cliffhanger plus que prévisible, l’histoire gagne en densité au cours du second. Le Bazar de la Charité recentre sa narration sur le destin de trois femmes (Audrey Fleurot, Camille Lou et Julie de Bona), bouleversé par l’incendie. Josiane Balasko tient un rôle majeur dans l’une des intrigues. A la fois mystérieuse et inquiétante (avec des intentions encore peu claires) sa prestation nous bluffe.
En revanche – production TF1 oblige… – le bon jeu d’acteur n’est pas au rendez-vous chez tous les comédien.ne.s. L’ensemble est franchement moyen. Entre le surfait et le trop guindé, certains et certaines ne sont pas capables de trouver un juste milieu. Une prestation qui sonne donc faux pour beaucoup (heureusement, cela n’est pas le cas pour les trois actrices principales) certainement en grande partie à cause de dialogues qui semblent abusivement contemporains et peine parfois à nous plonger en 1897. Si quelques décors parviennent, eux, à nous emporter dans le Paris de la fin du 19ème siècle, d’autres sentent le studio et paraissent totalement faux.
En résumé, tout n’est pas à garder, mais tout n’est pas à brûler non plus et nous attendons la suite de l’histoire !
2 commentaires
Bonjour,
Si l’on fait certains liens, on peut s’apercevoir que cette série est diffusée une semaine avant le Grenelle des violences faites aux femmes, Grenelle a interpréter chacun à sa guise, qui fait cependant état des mesures à interpréter chacun à sa guise également, et si l’on regarde comment se termine cette histoire, on pourrait éventuellement en conclure que l’on doit bien être contentes de ce que l’on a aujourd’hui et se taire, n’est-il pas ?
Je pense personnellement que cette série montre que sur l’égalité femmes-hommes nous avons fait du chemin mais qu’il en reste un bon bout à parcourir. Comme je l’écris dans la critique de la saison (https://linfotoutcourt.com/critique-le-bazar-de-la-charite-serie/) : on a un message positif qui permet d’espérer un monde meilleur.