Après un an de découvertes et de merveilles obscures, Rimini Édition propose son ultime titre pour sa collection 2022 : La peau sur les os. Le métrage nous vient du talentueux Tom Holland (et on ne parle pas de l’acteur), grand habitué du fantastique, avec son intriguant Fright Night, ou son plus connu Child’s Play… Adapté du roman Thinner du maître de la littérature horrifique Stephen King, on vous propose de dévorer cette réédition.
L’avocat Billy Halleck (Robert John Burke) célèbre l’acquittement d’un de ses clients, le mafieux Richie Ginelli (Joe Mantegna). Sur la route du retour, Billy renverse une gitane, la tuant sur le coup. Ami avec le juge et le shérif, l’affaire est vite étouffée. Mais le père de la victime lui jette un sort : alors qu’il est obèse, Billy va se mettre à maigrir, encore et encore, sans pouvoir contrôler un mécanisme qui pourrait signer sa disparition totale…
Le high concept
Le high-concept est une mécanique scénaristique qui permet de représenter ou d’illustrer une idée, une thématique. Il permet de jouer avec le développement de personnages grâce à des concepts imagés qui sont plus ou moins évident à comprendre. Dans La peau sur les os, on nous présente Billy Halleck en bon point, qui va soudainement être victime d’un problème de santé, perdant des dizaines et des dizaines de kilos de jour en jour.
Dans La peau sur les os, Billy Halleck ne cesse d’être rappelé à l’ordre par tous les autres personnages du film qu’ils lui font remarquer à quel point il mange, à quel point il devrait faire du sport ou encore de suivre des régimes. Néanmoins, on découvre un personnage en phase avec soi-même, avec une bonne situation, une famille et surtout, du pouvoir. De ce fait, il dévore, mais pas uniquement la nourriture que nous présente le métrage.
Une satire sociale
Alors que Tom Holland nous présente une véritable orgie pendant toute l’exposition, il effectue une véritable bascule dans la dramaturgie suite à l’élément déclencheur : l’accident d’une vieille dame d’un groupe de gitans provoqué par Billy. Le protagoniste va alors abuser de sa situation pour s’en sortir, blanchi par une justice qu’il manipule grâce aux relations qu’il entretient avec celle-ci.
La peau sur les os semble alors mettre en parallèle les privilèges d’une société richissime, blanche et hétéronormée avec la classe moyenne. Billy Halleck n’est pas un héros, mais un anti-héros au travers duquel le film semble faire passer un message. Alors qu’il dévorait la société de part ses privilèges, il se fait désormais littéralement manger par celle-ci au travers de la métaphore de la malédiction qu’il subit, lancé par le chef du groupe de gitans.
Un scénario en mouvement
Ce qui rend intéressant La peau sur les os, c’est le changement de point-de-vu du spectateur sur le personnage principal. D’abord empathique avec Billy, on se rend finalement vite compte de tous les vices de ce personnage qui n’est finalement pas si rose qu’à première vue. A la limite d’un bodyhorror à la David Cronenberg, la métamorphose physique et psychologique du personnage change la trajectoire du personnage, révélant sa véritable nature.
La peau sur les os semble inviter à une réflexion des plus intéressantes, surtout que la réalisation de Tom Holland reste plus proche du vraisemblable que du fantastique pur. Les décors et les effets spéciaux sont tous palpables au service d’un rendu baroque. L’horreur surprend encore plus à mesure que le film avance, notamment par une mise scène intelligente et surtout grâce aux incroyables prothèses du film que porte le comédien de Billy.
Tom Holland n’hésite pas à filmer son comédien sous tous les angles, du gros plan de visage au plan très large quasi dénudé. Pourtant : à aucun moment le film ne tarhi les effets spéciaux de la métamorphose de Billy Halleck, peu importe la forme qu’il adopte, une véritable réussite pour le film.
La peau sur les os est un énième trésor de genre proposé par Rimini Editions. Le film permet également de découvrir le cinéaste Tom Holland au-delà de son célèbre Child’s Play. Le métrage est curieux, intéressant, rappelant à certains instants Jusqu’en Enfer de Sam Raimi, bien qu’il demeure moins graphique et fantastique. C’est donc le moment ou jamais de mettre la main dessus, pour conclure une année remplie de découverte grâce à un fossoyeur cinématographique intéressé et intéressant.
La peau sur les os est disponible en Blu-ray & DVD chez Rimini Editions.
Avis
La peau sur les os est un film qui s'ancre à l'image de son époque, littéralement, tant socialement que sur sa son ascpet technique de réalisation.