La part des flammes est l’adaptation en bande-dessinée du bestseller de Gaëlle Nohant sur la tragédie du Grand Bazar de la Charité.
La part des flammes nous plonge dans le Paris de la fin du 19ème siècle. Un effroyable incendie ravage le Bazar de la Charité – célèbre vente de bienfaisance annuelle – et fait plus de 120 victimes. Une catastrophe qui va lier de manière inattendue le destin de plusieurs femmes.
Entre mensonges, secrets, complots et rumeurs, cette aventure romanesque aborde des thématiques fortes et nous tient captivés d’un bout à l’autre.
Un album très cinématographique
On s’immerge avec plaisir dans ce Paris de mars 1897 où les hommes et les femmes déambulent en tenues d’époques, chapeau sur la tête et ombrelle à la main ; et où les calèches se mêlent aux pigeons. Toutefois, l’épidémie de tuberculose qui sévit alors nous permet de ne pas nous sentir trop dépaysés quand même ! Blague à part, le trait précis et élégant de l’illustrateur Willow offre un rendu visuel très réaliste qui capte immédiatement notre attention.
D’autant que les visages sont particulièrement expressifs. Si bien qu’il nous semble voir les personnages réellement en mouvement. Il faut toutefois reconnaître que les images de l’excellente série télévisée adaptée de l’œuvre en 2021 – Le Bazar de la charité – viennent parfois se superposer à la lecture dans notre esprit. Difficile de s’en détacher tant certaines scènes étaient particulièrement marquantes, à commencer par celles de l’incendie.
Des intrigues qui s’entremêlent
Au-delà de la qualité graphique, on suit avec beaucoup d’intérêt le destin de ces femmes de l’aristocratie parisienne qui tentent d’échapper à la toute puissance des hommes et revendiquent leur indépendance. La condition féminine est d’ailleurs l’une des principales thématiques de cet album qui s’interroge également quant à l’influence de la religion à cette époque.
« Aujourd’hui, les jeunes personnes sont bien difficiles. Il n’y a pas si longtemps, elles n’auraient jamais été consultées sur un sujet aussi sérieux que le choix d’un mari. »
L’intrigue est riche et rythmée. Car chacun des personnages voit sa vie bouleversée d’une manière différente par l’incendie. Il est notamment question de Constance, abusivement jugée hystérique et internée pour s’être montrée perturbée à la suite du drame. Deux de ses amies feront alors tout leur possible pour la libérer. Pendant ce temps, Laszlo, son ex-fiancé avec lequel elle a rompu par foi religieuse, est accusé par la rumeur d’avoir piétiné des femmes pour échapper au brasier le soir du feu.
Vous l’aurez compris, on ne s’ennuie pas un seul instant. On regretterait même presque que les auteurs n’aient pas davantage fait durer le plaisir !
La part des flammes, de Didier Quella Guyot & Wyllow, d’après le roman de Gaëlle Nohant, est paru le 10 mars 2022 aux Éditions Philéas.
Avis
Ce récit historique et romanesque est une adaptation efficace et captivante du roman. Il nous offre également une belle occasion de redécouvrir les conditions de vie et les rapports sociaux de la fin du 19ème siècle.