Là Où Chantent Les Écrevisses rencontre actuellement un joli succès au box-office américain. Pourtant, rien n’est à sauver dans ce mélodrame noyé sous un amas de guimauve qui suscite l’hilarité à son propre insu.
Là Où Chantent Les Écrevisses semble sorti d’un autre temps. Adapté d’un énorme best-seller de Delia Owens, le film de la cinéaste indépendante Olivia Newman, produit par Reese Witherspoon et voyant son titre original signé par Taylor Swift, se présente donc tout d’abord comme une affaire de femmes. Nous narrant le portrait d’une jeune femme libre et indépendante rejetée de tous et se voyant traduite en procès pour meurtre, Là Où Chantent Les Écrevisses semble pourtant enfermé dans une capsule temporelle. Mélodrame sirupeux et risible, le long-métrage rejoue les grandes heures du téléfilm à l’eau de rose et semble perpétuellement déconnecté de son époque.
La petite maison dans les marais
Là où Chantent Les Écrevisses évoque ainsi rapidement La petite maison dans la Prairie. Non pas que l’on veuille ici attaquer gratuitement ce monument, novateur en son temps du petit écran, mais le long-métrage de Dalia Owens a parfois l’air d’être produit à la même époque et avec les mêmes grossières carricatures scénaristiques. Parce que l’écriture poussive de Lucy Alibar mène le film vers des sommets de ridicule parfaitement risibles. L’on pourra ainsi trouver, pêle-mêle, tout ce qui fait l’horreur de nombre de téléfilms puritains d’un autre temps, tels que la déclaration d’amour devant un vol de cigognes, les métaphores sur les blessures amoureuses et le sable, et tant d’autres pistes convenues, faisant ici rapidement songer à une hilarante parodie du genre.
D’un côté, il y aura donc les gentils, avec des visages de gentils, aimant la nature et aidant la pauvre fille des marais campée par la lisse Daisy Edgar-Jones. De l’autre, on trouve étonnamment les méchants, qui boivent de l’alcool, ne pensent qu’au sexe et ne font que se moquer de la pauvre fille abandonnée par ses parents. Même si les énormes ficelles du scénario réservent un minimum de surprises (une seule, en fait), l’on comprend assez aisément que le combat est gagné d’avance tant l’ensemble se voit mené avec une infinie lourdeur, et ratant de plus tous les points importants de son récit. Du film de procès au mélodrame sentimental, tout est ainsi mis en scène avec un manque de goût total, rendant à la fois instagrammable la pauvreté, l’abandon et les sinueux marais de la Caroline du Nord.
Caramel mou
Là où Chantent Les Écrevisses semble ainsi avoir plus d’un train de retard sur son époque. Au moment où les femmes semblent enfin récupérer le pouvoir et porter un message contemporain fort dans nombre d’œuvres, le film de Dalia Owens délivre un téléfilm de noël grossier et périmé. Même si le long-métrage peut se targuer d’aborder le viol, la masculinité toxique et d’essayer de proposer en premier rôle féminin celui d’une femme libre et indépendante, sa fabrication d’une infinie candeur le mue en des tentatives vaines et mal greffées à un drame sentimental poussif. Tous les codes du téléfilm de fin d’année seront ainsi scrupuleusement respectés, dommage qu’on ne nous fournisse ni plaids ni chocolat chaud dans nos salles de cinéma climatisées.
Dans Là Où Chantent Les Écrevisses, la guimauve afflue abondamment et ce jusqu’à un interminable final. Il ne sera ainsi pas rare d’apercevoir sous la chaleur du projecteur et devant tant de quantité de sucre déborder de l’écran des immenses coulées de caramel jusque sous votre fauteuil. Épargnez-vous donc ce risque de rester collé durant plusieurs heures, et donc plusieurs séances, devant ce téléfilm daté qui ne méritait pas un aussi grand écran pour déployer autant de sentimentalisme mièvre et de manque total de cinéma. Il fait bien trop chaud pour trouver où chantent ces écrevisses, surtout noyées sous un tel amas de caramel.
Là Où Chantent Les Écrevisses est sorti le 17 août 2022.
Avis
Là Où Chantent Les Écrevisses évoque rapidement une parodie. Suivant le scénario d'un mauvais téléfilm de noël mixé avec plusieurs épisodes de La Petite Maison dans la Prairie, les intentions féministes semblent ici noyées sous un amas de guimauve et d'un parfum d'antan de mauvais soap à l'eau de rose que l'on se refuserait même de voir sur petit écran.
4 commentaires
Je viens de voir ce film, et pour moi c’est un chef d’œuvre ! J’ai ris et eu les larmes aux yeux. Ce film tiré du livre est d’une beauté ! Je ne suis mais alors pas du tout d’accord avec votre critique. À juste titre, ce film mérite d’être vu et revu, je n’ai pas vu le temps passé. Et que dire de cette actrice Daisy Edgar Jones (connue aussi dans la série canal +, La Guerre des Mondes) , quelle interprétation ! J’espère que cette actrice sera connu et reconnu par ses pairs.
Merci à vous de partager votre avis et d’avoir pris le temps de lire notre critique et ce malgré votre désaccord ! C’est toujours un plaisir d’avoir des avis contraires exprimés avec autant d’enthousiasme et de sympathie !
Rassurez moi c’est une critique on une vengeance ? Que cela ne vous ait pas plu, OK, mais là, la succession de jugements subjectifs sans fond concret vous décrédibilise. La règle N°1 de la critique est : »exprimez-vous comme si vous étiez en face de celui que vous critiquez ! » Mais là… Ce n’est pas votre genre ? Allez, hop ! médiocre, guimauve et j’en passe. C’est différent d’un Shyamalan ou d’un Christophe Nolan ? Allez zou ! caricature scénaristiques, manque de goût.. Justement, à notre époque dont vous dîtes ce film déconnecté, voir un film pur, où l’on découvre à la fois de si somptueux décors (si difficile à tourner) et une histoire si contemporaine sur la cruauté du traitement de nos différences (tiens tiens) fait du bien. Alors, désolé, moi j’aime aussi les bons caramels, si mous soient-ils, et celui-là était un régal ! je vous inviterai à ma prochaine Avant-Première, je suis curieux d’entendre vos qualificatifs et comment vous les justifiez. François O.
L’exemple typique d’une mauvaise critique, faite en 2 minutes entre 2 vidéos YouTube. Au delà de mon opinion sur le film, ce que je reproche à cette critique c’est sa méchanceté. C’est tellement facile ! On peut exprimer une opinion sans être aussi cassant. Être critique de film, c’est aussi respecter le travail colossal fait pour écrire une histoire, la tourner et la produire. Bref, un travail ni fait ni à faire