Après la série Validé, Franck Gastambide investie un autre milieu de l’entertainment : le MMA ! Avec La Cage sur Netflix, la France touche du doigt les plates-bandes de Rocky et Creed avec un entrain communicatif, sans vraiment réussir à toucher du doigt ce qui en faisait des récits incarnés.
La Cage est la toute dernière production signée Franck Gastambide. Mais ne fuyez pas pauvres fous : le bougre a beau être connu pour ses comédies relativement discutables (Taxi 5, Pattaya, Medellin), il est aussi derrière la très sympathique série Validé ! Comme quoi, un format plus long et le fait d’embrasser plus sérieusement des milieux qu’il affectionne porte ses fruits.
Du rap freestyle au MMA en free-fight
Tandis que Validé est en cours de pré-production de sa 3e saison, La Cage débarque sur Netflix en s’attaquant à un milieu un poil moins populaire en France que dans le reste du monde : le MMA ! Grand fan de pugilats à base de pieds-poings, Gastambide et son co-scénariste Sylvain Caron rejouent curieusement la même partition que Validé, en troquant le freestyle par le free-fight !
En effet, La Cage nous introduit au personnage de Taylor (Melvin Boomer), jeune apprenti combattant officiant en amateur dans le club de Boss (Franck Gastambide). Voué à aucun avenir et rêvant de devenir champion international, le fougueux protagoniste va un jour défier Ibrahim Ibarrah (Bosch) et enflammer les réseaux sociaux.
Dans le but de gravir les échelons, Taylor va devoir compter sur plusieurs grands noms du milieu pour l’entraîner, et ainsi décrocher la ceinture tant convoitée ! Cela fait penser à Validé ? Oui et autant le dire tout de suite La Cage est une déception d’un pur point de vue dramatique et dramaturgique..
Trajectoire sportive désincarnée
Non pas qu’emprunter des sentiers battus soit une mauvaise chose, mais c’est le cas lorsque sur 5 épisodes cette saison 1 de La Cage se contente soit de recycler les tropes du film sportif (Rocky et Creed y sont explicitement cités), soit d’enquiller les figures de luxe (Cyril Gane, Goerges St-Pierre et Jon Jones en particulier).
Pour le premier aspect, ce ne serait pas un souci si l’écriture globale parvenait à distiller épaisseur et impact émotionnel, hors que nenni : les personnages secondaires sont au pire des clichetons ambulants (le fameux « meilleur pote » aux ambitions troubles jusque dans l’ultime scène est un facepalm sur pattes), au mieux des coups de vents immédiatement oubliables.
Mention spéciale aux parents de Taylor, probablement parmi les pires personnages secondaires vus cette année sur un écran. En voulant offrir une dimension d’outsider et un commentaire social les intentions étaient louables, mais quand cet arc narratif vire dans les tréfonds de la série B désincarnée (impossible pour le spectateur d’y voir la moindre véracité dans les dialogues ou l’issue attendue de cette relation), c’est le parcours de Taylor qui devient dangereusement branlant.
Réel amour du combat en cage
Pourtant..on regarde assez régulièrement La Cage par quelques facteurs surprenants qui se révèlent être une vraie force motrice (là où l’écriture en pilotage automatique fait défaut). Nous parlions des caméos plus ou moins utiles ou brodés : la série fait montre d’un réel amour communicatif pour la MMA !
Certes, voir Georges St-Pierre déblatérer des conseils semblant avoir été élaborés par un youtuber fan de fitness fait parfois sourire, mais c’est dans cette promiscuité avec le milieu de l’UFC que La Cage affiche non-seulement une vraie « street cred’« , mais parvient à nous immerger dans les coulisses du milieu.
Managers, entrainements, niveaux de combattants, médiatisation..tout y passe avec en plus un vrai soin et une énergie communicative des diverses prises de vue. En résulte des affrontements à la fois complètement lisibles malgré la caméra à l’épaule, mais également percutants et bien découpés. Plans longs, cuts plus bourrins, contre-plongées et raccords dans l’axe : la grammaire globale fonctionne et surprend même parfois !
Un petit bonbon pour tout fan, tandis qu’on sent l’implication à 200% du très bon Melvin Boomer (Sage-Homme, Le monde de demain), et la sincérité globale de Gastambide (allant jusqu’à mettre un peu de lui-même dans la pugnacité du protagoniste « incapable d’écrire correctement une phrase à l’école » souhaitant vivre de sa passion). Bref, du mi-figue mi-raisin perfectible, dont on pardonne les errements devant la relative efficacité de l’entreprise. La saison 2 doit cependant corriger le tir !
La Cage sortira sur Netflix le 8 novembre 2024
avis
Avec La Cage, Franck Gastambide sa vautre dans l'écriture d'un drame sportif renvoyant à Rocky et Warrior sans jamais faire preuve de sa substantifique moelle : dépassement de soi, accomplissement à travers la passion..tout cela passe à peu près à la trappe derrière un enquillage de personnages secondaires désincarnés. Mais paradoxalement, cette saison 1 nous abreuve de combats péchus et d'un réel amour communicatif pour le milieu de la MMA. Doublé de l'investissement de Melvin Boomer et Gastambide, le résultat a beau être en demi-teinte totale..le visionnage n'est pas non plus dénué d'intérêt !