Après une première saison réussie mais trop prévisible, Amazon réitère avec une nouvelle aventure de Jack Ryan, tellement patriotique qu’elle en devient problématique.
Le méchant terroriste éliminé, la CIA se mêle du méchant gouvernement vénézuélien. On essaye d’être aussi cliché que Jack Ryan l’est dans son écriture et pourtant, le niveau est élevé. Dommage, quand on voit les capacités de Amazon Studios pour nous proposer un produit télévisuel racé et très bien mis en place, de regarder une série qui devrait sérieusement revoir son discours géopolitique pour plus de neutralité.
Néanmoins la série possède des qualités indéniables dont la mise en place des complots et manipulations sort directement d’un roman de Tom Clancy. De même, sans faute de rythme, Jack Ryan nous emporte dans une virée sauvage aux quatre coins du monde pour démanteler un régime totalitaire et une série d’assassinats politiques. A ce titre la mondialisation et collaboration entre différents états et diplomates est plutôt bien montrées, mais quand on nous présente les Américains comme grands garants de la démocratie dans les pays en développement, là on commence à grincer des dents.
Patriote un jour, patriote toujours !
Déjà, on regrette un peu l’absence de psychologie des personnages qui sombrent les uns après les autres dans un stéréotype bien pensant, bas du front et particulièrement occidental. L’analyste résout un complot ultra prévisible en deux temps trois mouvement, mais surtout, cette saison 2 de Jack Ryan oublie de s’attarder sur l’humanisation du héros pour le militariser complètement. En prenant comme prétexte l’assassinat d’un de ses proches, la série fait du protagoniste son bras vengeur, son homme d’action aveuglé par la vengeance. Une performance facile pour John Krasinski (et la pauvre Noomi Rapace) qui se contentera de faire la moue pendant le reste de sa traque des méchants vénézuéliens dans un show qui reste néanmoins une prouesse visuelle parfaitement bien réalisée, bourrée d’action lisible.
Mais là où cette seconde saison semble plus suspicieuse que la première, qui s’attaquait évidemment au terrorisme islamiste, c’est en prenant pour cible la politique du Venezuela de Nicolas Maduro. D’ailleurs (coïncidence ?) l’actuel président contesté possède le même prénom que l’antagoniste de Jack Ryan, joué par l’éternel bad guy Jordi Mollà. Un discours moralisateur (on se gausse) sur la démocratie et le totalitarisme (on rigole) se met vite en place pour justifier des flingages en règle et légitimer la présence de l’Oncle Sam, désintéressé bien sur, mais pourtant bien présent dans la politique locale… Heureusement qu’un méchant américain permet d’alléger le propos sans quoi on frôlait l’excès de patriotisme. Ouf.
Avec un récit qui se veut d’actualité mais marchait déjà du temps de la Guerre Froide, l’Amérique peut dormir tranquille, Jack Ryan veille sur ses intérêts, le drapeau fièrement hissé dans son bureau, une saison 3 dans le chargeur.