Housenka est le nouveau film d’animation de Baku Kinoshita (Odd Taxi), centré sur un yakuza vieillissant en pleine dialogue rétrospectif avec une fleur de balsamine. Présenté en compétition au festival d’Annecy, ce récit réflexif se révèle plutôt touchant.
Housenka débute dans une cellule de prison, alors que le protagoniste Akutsu est au crépuscule de sa vie. S’engageant dans un étonnant dialogue avec une fleur issue de son ancien jardin, cet ex-yakuza nous raconte par cet intermédiaire les derniers instants de sa vie en tant qu’homme libre. Un récit rétrospectif censé mettre en lumière la psychologie de cet individu ayant finalement plusieurs longueurs d’avance d’informations sur le spectateur !
Condamné à perpétuité, Akutsu nous emmène par la parole dans ses souvenirs d’un foyer heureux alors qu’il partage son quotidien avec sa dulcinée Nana, son fils adoptif…. et ses activités criminelles ! Pour autant, Housenka passe beaucoup de temps à se concentrer sur la vie familiale du personnage, alors que le versant « yakuza » du récit demeure la portion congrue du métrage.

Pour autant, le film incorpore peu à peu cette dimension via une relation mi-collègue, mi-ennemi potentiel, tandis que les trahisons et autres aspirations à une vie meilleure s’incorporent par capillarité dans ce Housenka beaucoup plus contenu et intime que prévu. Porté par un amour chaste, l’histoire contenue au décours de l’été 1986 distribue lentement ses cartes pour mieux comprendre comment la vie d’Akutsu a pu vrillé.
Confessions intimes d’un homme dangereux
Le sacrifice est ainsi au centre d’Housenka, même si la lenteur globale de la rythmique narrative prend parfois des airs de pure posture plutôt que de poésie à combustion lente. Pour autant, le réalisateur joue plutôt bien avec les codes du yakuza taiseux et taciturne, faisant du mystère initial du personnage une force motrice pour mieux pénétrer la carapace de plus en plus fragilisée que cet anti-héros arbore pour protéger les siens.
Ainsi, les rares effusions de sang survenant à mi-parcours tranchent efficacement avec le caractère très prude et tout en sensibilité de ce qui constitue l’essentiel d’Housenka. De plus, le cadre réaliste du film se veut court-circuité par l’intégration de cette fleur en tant que Jiminy Cricket surréaliste. Une dimension quasi fantastique qui peut sembler rajoutée au forceps sans réelle nécessité ou valeur surajoutée.

L’animation 2D est globalement réussie, faisant la part belle au placement des personnages et au mouvement plutôt qu’aux dialogues surexplicatifs. Housenka aurait cependant mérité une patte visuelle plus marquée pour mieux se démarquer, tandis que la style pictural global reste globalement dans les clous d’une japanimation neutre.
Pour autant, le bout du voyage vaut le détour, tandis que cette ultime confession d’Akutsu n’affiche jamais un seul moment de pathos pour plonger dans un ultime segment porté sur l’émotion. Bercé par une reprise de Stand by Me, Housenka humanise ainsi avec efficacité son protagoniste à la morale trouble : la trame aurait mérité d’aller directement à l’os, mais en l’état on tient une chouette proposition !
Housenka sortira au cinéma en 2025. Retrouvez tous nos articles du Festival d’Annecy ici.
avis
Malgré un rythme à combustion lente pas toujours justifié, Housenka réussit son portrait d'un condamné confessant ses ultimes actions avec sensibilité et sans aucun pathos. Une déconstruction du yakuza qui se révèle même touchante à l'arrivée. Pas mal !