Starz frappe fort en nous proposant Gaslit dont le pilote nous fait voyager à l’époque du scandale du Watergate avec un casting dingue à la clé. A voir !
Pourtant républicaine, la femme du procureur général sous la présidence de Nixon va mettre à jour ce qui sera bientôt dénommé l’affaire du Watergate. On pourrait penser que HBO aurait diffusé cette petite pépite télévisuelle, puis on se souvient que Starz n’est pas en reste lorsqu’il s’agit de produire des bijoux du genre. Gaslit est donc la série du moment à découvrir, tant par sa reconstitution aux petits oignons que par son approche inédite du fameux scandale, sans compter sur son impressionnant casting. Bref, que du bon.
Créée et écrite par Robbie Pickering (Mr Robot ou The Book of Love) d’après le podcast Slow Burn de Leon Neyfakh, Gaslit est un thriller politique prenant la forme d’une mini-série, produite entre autres par notre chouchou Sam Esmail. Du beau monde pour chapeauter un show engagé, qui vient mettre la lumière sur plusieurs histoires passées sous silence et pourtant directement impliquées lors du Watergate. Quand on vous dit que c’est bien.
Les hommes et les femmes du Président
Histoire d’arrêter de tergiverser, parlons du casting de fou réuni dans Gaslit. En tête d’affiche et à la production, on retrouve Julia Roberts, impérieuse en épouse modèle mais pourtant rebelle et plus engagée qu’il n’y parait. A son bras, se balade un Sean Penn méconnaissable sous des kilos de maquillages et de prothèses qui le transforment ainsi en John N. Mitchell, procureur général et républicain à l’origine des écoutes du Watergate. Autours de ces monstres qui jouent pour la première fois ensemble, et ils le font magistralement, gravitent également Dan Stevens en politicien aux dents longues pendant que Shea Whigham bouffe la caméra à chacune de ses apparitions malaisantes.
En bon pilote qui se respecte, le premier épisode Gaslit pose ainsi les bases des 4 prochains en présentant soigneusement les tenants et les aboutissants narratifs de cette reconstitution des années 70. Les papiers peints psychédéliques, les couleurs primaires saturées ou le mobilier aux accents de modernisme rondouillards côtoient les longs pardessus ou les Porsche 911 flambant neuves. Avec l’esthétisme si particulier qui caractérisent les productions de Starz ou de Esmail, granuleux et décentré, on navigue en pleine nostalgie en découvrant petit à petit des vies tout aussi impliquées que les pontes dans l’espionnage des opposants démocrates.
Gaslit brosse un portrait plus humain de ces acteurs de l’ombre, notamment le couple des Mitchell. Ainsi, le conseiller de Nixon est prêt à tout pour faire réélire son ami de Président tandis que sa femme est une personnalité publique encline à révéler des secrets à la presse par acquit de conscience, mais également par conviction personnelle. Pourtant, si on évolue dans un monde propre sur lui, où les problèmes de couple sont résolus avec des billets d’avion ou une invitation à une soirée mondaine où les ragots seront de mise, la série tend par instants à opposer des situations ubuesques et presque comiques avec un engagement lourd de sens. Le ton désabusé de l’ensemble décrédibilise totalement les artisans de ce scandale alors que la fin du Vietnam se fait ressentir et pèse sur l’opinion publique tandis que les conservateurs et extrémistes grondent pour maintenir leur pression sur le pays. Voilà qui promet.
Un paysage haut en couleur qui fait pour l’instant de Gaslit une petite perle à découvrir d’urgence, surtout que les enjeux, simplement esquissés, semblent promettre de nous dévoiler de bien sombres secrets. Délicieux !
Gaslit est actuellement diffusée sur StarzPlay et MyCanal.
Avis
Julia Roberts et Sean Penn nous emportent sur les traces du Watergate, sous un angle plus humain qu'à l'ordinaire dans Gaslit, un thriller politique teinté de comédie pour une mini-série iconoclaste et savoureuse !