Flo se veut être un biopic, celui de la navigatrice d’exception Florence Arthaud. Pourtant, le film ne rend pas véritablement hommage à ses exploits, trop intéressé à retranscrire maladroitement des déboires amoureux. Il est clair qu’avec ce premier long-métrage, la réalisatrice Géraldine Danon et le co-scénariste Yann Queffélec – auteur de La Mer et au-delà – ne nous mettent pas l’eau à la bouche.
En 1990, Florence Arthaud est la première navigatrice à remporter une compétition de voile. En finissant championne de la Route du Rhum, elle instaure une nouvelle voie pour les femmes dans un monde jusqu’alors résolument masculin. Sportive de haut vol qui ne lâchait rien, Flo a lutté toute sa vie pour instaurer sa vision du monde et pour faire de son rêve sa réalité. Une vitalité qu’elle tire d’un accident qui lui a pratiquement valu la vie alors qu’elle n’avait que 17 ans.
Géraldine Danon avait toutes les cartes en main pour réaliser un film attrayant. En s’inspirant de la vie de Florence Arthaud, elle aurait pu nous faire voguer et lutter à ses côtés. Pourtant, elle se perd dans un dédale de clichés. Le combat de Florence Arthaud – interprétée par Stéphane Caillard – est enseveli sous un amas de déboires sentimentaux.
Un film qui se voulait féminisite
On ressent dans Flo une volonté de dénoncer un monde régi par les hommes. Depuis qu’elle est jeune, Flo va à l’encontre d’un cercle social restreint – celui de la petite bourgeoisie à laquelle appartient sa famille – avant de se frayer une place, tant bien que mal, dans l’univers de la navigation. Si Géraldine Danon souligne cette force de caractère, elle parvient surtout à l’étouffer.
Durant les deux premiers tiers du film, on est baladé entre différentes histoires d’amour, toutes plus clichées les unes que les autres. Le personnage de Flo ne transparaît plus par ses actes mais à travers le regard d’hommes virils qui prônent une vision machiste. Des loups de mer qui multiplient les phrases misogynes sans aucune subtilité. On passe ainsi du “tu vas faire la pute !”, à “un petit cul comme toi à bord”, au “je courais bien après toi histoire de te rattraper”, petit échantillon d’un amas bien plus grand. Des phrases beaufs qui s’enchaînent, prononcées ou chuchotées à l’oreille par des hommes à la voix “grave” qui se veut “sensuelle”.
Flo est continuellement infantilisée, que ça soit par les hommes qu’elle rencontre ou par ceux de sa famille. Le lien qui la rattache à son père se base sur le conflit. Il est rabaissé à des disputes qui surviennent sans aucune finesse. Celles-ci sonnent faux, à l’image des dialogues excessifs et des phrases toutes faites telles que “ne remet plus jamais les pieds ici”. Géraldine Danon ne parvient pas à faire monter la tension qui éclate sans préavis. Elle joue sur un sentimentalisme de mauvais goût.
Et la voile dans tout ça ?
Les scènes en mer jonchent l’ensemble du film, mais seule la dernière partie lui est exclusivement dédiée. Pour la première fois, et après 1h30 de pérégrinations amoureuses, on est projeté sur un voilier avec pour seule compagnie celle de Florence Arthaud. La navigation prend alors toute la place. C’est dans cette parenthèse que le personnage de Flo se dévoile totalement et prend de la profondeur. Les dialogues et la musique laissent le pas à des scènes bercées par le bruit des vagues. On découvre enfin la vie en mer, et on touche à la liberté que Flo perçoit dans les flots. Dommage, ça ne dure pas…
Avec Flo, Géraldine Danon dresse un portrait qui ne parvient pas à transcrire avec subtilité la vie de Florence Arthaud. Elle nous bringuebale dans des romances amoureuses qui n’ont rien d’attrayant. A se demander ce qu’en aurait pensé Florence Arthaud …
Flo de Géraldine Danon est disponible au cinéma depuis le 1er novembre
Avis
Avec Flo Géraldine Danon nous perd dans des histoires d'amour qui reflètent des clichés sur les relations homme-femme. On en perd tout l'attrait du film : la découverte de la vie de Florence Arthaud, championne de navigation en 1990. Un amoncellement de phrases stéréotypées et de scènes qui reflètent un sentimentalisme de mauvais goût. Géraldine Danon aurait pu nous émerveiller, mais elle ne fait que nous noyer.