Fête des mères est un spectacle à l’humour vif et cinglant sur les conflits intra-familiaux. Un huis clos qui a du mordant !
Il y a la famille et il y a la mère, cette personne qui nous a mis au monde et nous a vu grandir. Il y a les traumatismes et les enfances marquées par une souffrance indescriptible, celle de ne pas être aimé comme il se doit et de vivre sans être considéré.
Un retour chez soi
Louise n’est pas rentrée chez elle depuis trois ans, trois ans durant lesquels elle n’a ni vu, ni parlé à sa mère Violaine. Jusqu’au jour où elle reçoit un message de cette femme qui lui demande d’être présente pour la Fête des mères. L’occasion pour Louise de retrouver ses frères, Gabriel et Ziggy, et de rencontrer leur compagnon et compagne mutuel.
Dans cette trame narrative, rien de bien nouveau, Adèle Royné et Vincent Gardet nous présentent une situation que l’on connaît déjà. Les réunions familiales sont le prétexte parfait pour faire éclater la vérité, même si ça fait mal, même si on s’en prend plein la gueule ; et ici, on n’y coupe pas. A la manière d’un Juste la fin du monde ou d’un Festen, on retrouve ce mythique huis clos où les conflits se multiplient jusqu’à l’implosion.
Désamorcer la douleur
Fête des mères est une pièce sur la famille, la fratrie, les non-dits, interprétée par cinq comédiens – Aubin Hernandez, Florence Janas, Cyril Metzger, Adrien Rouyard et Adèle Royné – qui s’emparent brillamment d’un texte sarcastique où l’ironie et le second degré deviennent l’arme parfaite pour oser dire ce que l’on ressent. On rit de la douleur, du malaise, de la haine. On rit avec crispation.
Le spectacle trouve peu à peu son rythme dans un mélange entre comique et tragique. Les scènes s’enchaînent avec fluidité, la tension monte crescendo et réunit les personnages autant qu’elle les sépare. Caricature de lui-même, chacun joue cartes sur table et se dévoile tel qu’il est, l’alcool aidant. Il y a Gabriel, le frère un peu coincé qui n’a d’yeux que pour sa mère et qui suit une psychanalyse ; Ziggy, l’enfant précoce aux multiples vocations qui vit encore chez sa maman à 25 ans ; Louise, la fille dénigrée et rejetée qui a trouvé dans le stand-up un moyen de s’exprimer ; Arthur, le copain de Gabriel bien décidé à être le beauf de la soirée ; en enfin Florence, la petite amie alcoolique de Ziggy sans aucun filtre. Ensemble, ils forment une tribu hétéroclite rassemblée par une absence.
Le poids de l’absence
Toute la pièce tourne autour d’une personne qui n’apparaîtra jamais mais dont l’absence est écrasante. Violaine pèse sur ses enfants, et cette relation toxique transparaît à travers les paroles et les réactions des personnages. Cette non-présence suggère plus qu’elle ne montre et constitue l’un des points forts de la pièce ; elle est un fantôme venue hanter sa famille.
Fête des mères est une tragi-comédie qui a du caractère, une petite révélation au Off d’Avignon.
Fête des mères, écrite par Adèle Royné et Vincent Gardet, avec Aubin Hernandez, Florence Janas, Cyril Metzger, Adrien Rouyard et Adèle Royné, se joue du 3 au 21 juillet 2024 à 13h40 (relâche les lundi) au Théâtre du Train Bleu.
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Avis
Fête des mères est un huis clos grinçant sur la famille. Un spectacle porté par cinq comédiens brillants et un texte qui vous fera rire et frémir !