Épouvante sur New York mêle habilement film de monstre et mythologie aztèque, avant d’adopter un rythme de croisière moins palpitant.
Épouvante sur New York fait revivre la légende millénaire du Quetzalcóatl, le serpent ailé faisant partie des divinités principales de la civilisation aztèque. Réalisé par Larry Cohen (Le Monstre est vivant, Black Caesar, …) en 1982, le film troque les pyramides mexicaines pour les buildings de la ville qui ne dort jamais. Le serpent mythique semble rapidement prendre ses marques, en picorant allègrement les New-yorkais lors de ses virées. Les morts violentes se multiplient, la police s’enlise dans la quête du monstre et de sordides affaires de sacrifices humains émergent. Mais voilà qu’un luron prénommé Jimmy Queen (Michael Moriarty) apparaît pour sauver la ville. Épouvante sur New York est aujourd’hui distribué en DVD et en Blu-ray par les Éditions Rimini.
Quetzalcóatl attaque vol-vie
L’intrigue d’Épouvante sur New York puise adroitement dans le bestiaire des légendes précolombiennes. Dans le flot des monstres mutants qui abondent le cinéma d’horreur (Godzilla, Les rats attaquent, Tentacules, …), faire revivre quelques mythes rafraîchit. Lorgner du côté des rites des civilisations aztèques confère au film, par la même occasion, une dimension mystique bienvenue. Le retour du serpent ailé s’accompagne de la résurgence de rites sacrificiels perpétrés dans les bas-fonds de New York. Épouvante sur New York joue l’horreur à tous les étages. Le monstre et l’occulte sont intimement liés pour semer le chaos sur la ville qui ne dort jamais.
Le film démarre alors sur un bon entremêlement des registres et un suspens bien échafaudé. Le Quetzalcóatl attaque sauvagement dès les premières minutes, sans toutefois se dévoiler. Il faut un peu s’armer de patience, avant de découvrir la bête dans son intégralité. Oiseau d’ailleurs tout à fait remarquable pour un film de 1982. La marionnette est de très bonne facture, avec de nombreux détails comme les plis de la peau ou certains lambeaux sur les ailes. Son incrustation grâce au procédé de stop-motion se montre tout aussi soigné. Le documentaire de 17 minutes sur le stop-motion dans Épouvante sur New York et dans les films d’horreur des années 1950 à 1990, inclus dans cette édition se montre très instructif pour creuser le sujet. Côté occulte, les sacrifices humains ne sont pas en reste. Les gros-plans sur les parties du corps dépecées arborent aussi des trucages très éloquents de réalisme dans cette version remastérisée.
Un homme en colère
Le film tire aussi rudement bien parti de son terrain de jeu, la ville sans pareil de New York. Ses piscines sur les toits, ses chantiers et ses buildings de verre à nettoyer deviennent garde-manger du gros oiseau. Lui-même décide d’y établir son nid, tout en haut de la tour Chrysler. On y verra un clin d’œil adroit à King Kong, heureux locataire de l’Empire State Building. Autour de ces disparitions tragiques de New-yorkais, un noyau de personnages principaux émerge. Jimmy, un pauvre garçon au pied du mur, mais qui sait où niche l’oiseau, et l’équipe de police de Manhattan. Interprété par un Michael Moriarty (Pale Rider, Le dernier match, …) bouillonnant, ce Jimmy haut en couleur sautant et s’égosillant à tout-va rompt avec les profils habituellement croisés dans le genre de l’horreur.
Le joyeux Jimmy est pourtant la raison pour laquelle le film s’empâte lourdement passé cette première moitié au rythme impeccable. L’investigation sur les rituels s’efface très rapidement, pour un film qui ne se concentrera plus que sur les tribulations du lascar. Arrêté par la police pour quelques délits, il s’ensuit de longues séquences de dialogues et de négociations au commissariat, bien loin de la terreur qui sévit dans les rues. Au terme d’interminables pourparlers terriblement inintéressants et presque agaçants, Jimmy se décide à livrer l’emplacement de l’oiseau à la police. Le final redore comme il peut ce blason bien terni, par une scène de combat aérien haletant au sommet de la tour Chrysler.
Omelette imparfaite
Épouvante sur New York avait beaucoup pour plaire. Son monstre et ses effets spéciaux sont de factures remarquables pour une production de 1982. Et l’investigation sur les réseaux secrets de sacrifices humains ajoute une profondeur qui le démarque immédiatement de la masse des films de monstres de l’époque. Tout bascule regrettablement lorsque l’intrigue se resserre sur le personnage de Jimmy. Son caractère revivifie d’abord le long-métrage, avant de le faire basculer dans un registre presque comique. Ce scénario trainant et pataud ternit hélas un film qui avait de quoi toucher les sommets.
Épouvante sur New York (1982) est sorti pour la première fois en Blu-ray le 23 août 2024 aux Éditions Rimini. Cette nouvelle édition comporte un bonus vidéo de 17 minutes sur le stop-motion et un livret de 24 pages par Marc Toullec.
Avis
Malgré un Michael Moriarty survolté, l'invocation du Quetzalcóatl et des dépeçages humains dégoûtants, Épouvante sur New York dévie trop de son sujet une fois l'intrigue bien mise en place. Le film mi-monstre mi-occulte intrigant et effrayant laisse place à une suite de scènes sans grand intérêt qui traînent rudement en longueur.