Encanto est le 60e Classique d’Animation de Disney, mis en scène par les réalisateurs de Raiponce et Zootopie ! Une aventure pleine de cœur prenant place dans une Colombie colorée et fantastique, bien que légèrement familière. Est-ce suffisant ou bien la famille Madrigal a de la magie à revendre ?
Après un immense carton avec La Reine des Neiges II, ainsi qu’une sortie inédite en salles pour Raya & le dernier dragon, Disney Animation embrasse de nouveau la salle obscure : Encanto est là, est l’attente qu’il suscitait était palpable pour plusieurs raisons. Tout d’abord, ce 60e Classique d’Animation est réalisé par Jared Bush et Byron Howard (et aidé par la nouvelle Charise Castro Smith), ayant par ailleurs mis en scène le très bon Raiponce et le superbe Zootopie. Deux films très importants concernant la dernière Renaissance de la firme aux grandes oreilles rayon animation, avec lesquels Encanto partage quelques similitudes (notamment en terme d’humour et de mise en scène).
Ensuite, il s’agit après Vaiana du retour de Lin-Manuel Miranda (Hamilton, In The Heights, tick tick…Boom !) chez Disney pour concevoir les chansons du métrage ! Une dream-team de gagnants donc, pour dépeindre un univers magique se déroulant en Amérique du Sud (plus précisément en Colombie). Et c’est via une séquence flash-back jouissant de jeux d’ombre saisissants que le postulat de base est planté, concernant les origines de cette atypique famille Madrigal.
Alors que de tragiques évènements obligent la jeune Abuela Madrigal à fuir son village, épaulée de ses 3 nourrisons, son mari et d’autres habitants, une terre isolée sera finalement trouvée (non sans la perte du fameux conjoint, se sacrifiant pour le bien de tous Disney-style). Via un lègue sous forme d’une bougie, une maison sera bâtie (dénommée encanto) permettant à chaque membre de la famille, au fil des générations, d’obtenir un pouvoir magique à l’âge requis !
L’intrigue débute donc sérieusement 2 générations plus tard : Abuela est la grande matriarche, et sa petite fille Mirabel (première héroïne Disney à lunettes soit-dit en passant !) est le vilain mouton noir de la famille. La raison ? C’est la seule Madrigal à n’avoir reçu aucun pouvoir. Difficile donc de trouver sa place dans cette cour des miracles. Mais lorsque le sort de l’encanto sera menacé, Mirabel semble le seul espoir pour sauver l’héritage des Madrigal. Des traces laissées par son oncle Bruno porté disparu lanceront donc cette folle aventure.
Colombia, Mi Encanto
Cela devient redondant mais autant le signaler : depuis une dizaine d’années, Disney ne cesse de repousser les possibles en terme d’animation 3D, et Encanto ne déroge pas à la règle. Chaque image est riche de détails et emplie de couleur, le travail sur les effets volumétriques, de lumière et de matière sont de toute beauté. Un véritable festin visuel à la gloire de la culture colombienne ! Sans aucun doute une des meilleures représentations culturelles et multi-générationnelles au sein d’un film d’animation, tous les éléments sont là : la danse, la musique, les vêtements et architectures pittoresques, l’environnement, la nourriture…che quapo !
Une des belles idées d’Encanto, est justement son setting magique : on ne quitte presque jamais la fameuse maison. En effet, alors que chaque membre reçoit un pouvoir, une nouvelle chambre se matérialise, permettant de créer un portail vers des environnements à thème tels qu’une jungle, un palais floral ou bien des ruines sablonneuses. Une (petite) diversité de lieu bienvenue, mais que l’on aurait aimé plus poussée et mieux exploitée. En effet l’intrigue globale ne nous permet d’en explorer qu’une seule en profondeur. Un petit potentiel inexploité qui ne nuit heureusement pas à l’aventure globale.
Au sein de cette famille extraordinaire, difficile pour Mirabel d’exister, et pourtant on tient là une très bonne héroïne pleine de bagou : courageuse, sarcastique et dévouée à ceux qu’elle aime, la sympathie se fait de manière immédiate. C’est également valable pour tous les Madrigal : du cousin capable de parler aux animaux, en passant par la mère pouvant soigner quiconque grâce à sa cuisine, la tante avec une super-ouïe, les sœurs capables d’une force surhumaine ou de contrôler les plantes…
Tous ne sont pas exploités de manière égale (contrairement aux Indestructibles par exemple), mais arrivent à exister par petites touches. On peut par ailleurs saluer l’excellent doublage, que ce soit en VO (avec des acteurs hispaniques) via une Stephanie Beatriz (Rosa de Brooklyn-Nine-Nine) parfaite pour Mirabel, ou même en VF (notamment un José Garcia qui prend un malin plaisir similaire au doublage de Mushu en 98).
Un enchantement qui n’est pas total
Encanto est donc bien un enchantement tant visuel que sonore. Que ce soit la BO avec des chansons entraînantes (dont l’amour pour les influences ethniques, hip-hop ou pop sont une marque de fabrique de Lin-Manuel Miranda) ou sa facture visuelle, on est sur du grand Disney. Cependant, et malgré les quelques éléments qui auraient pu être mieux exploités, l’intrigue se résout de manière un brin facile. Un déroulé qui se simplifie au maximum, jusqu’à un climax chanté non-dénué de sens heureusement, qui arrive à subvertir les attentes (pas de grand méchant cette fois !)
Car malgré ces faiblesses l’empêchant d’être un Disney particulièrement marquant, on tient là un beau conte à la personnalité marquée et magnifique en terme de fabrication. Incarné et réconfortant, Encanto met sa ferveur musicale au service du cadre familial et de l’intime, et dont le principal enjeu est de vaincre son égo ! Une bonne pioche donc !