En Fanfare d’Emmanuel Courcol, c’est l’histoire de deux frères à qui on a donné l’occasion d’enfin se retrouver. Par le biais de la musique, deux destins diamétralement opposés parviennent à se mettre au diapason dans ce « feel good movie » de fin d’année.
Dans En Fanfare d’Emmanuel Courcol, Thibault Desormeaux, chef d’orchestre à la renommée internationale, apprend qu’il a été adopté. Sa vie se mêle alors à celle d’un frère qu’il n’a pas eu l’occasion de connaître ; Jimmy, cantinier de jour et tromboniste dans une fanfare du nord de la France à ses heures perdues.
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Sur le papier, la recette fait sensiblement penser à celle de la célèbre comédie La Vie est un long fleuve tranquille d’Etienne Chatiliez sorti en 1988. En effet, En Fanfare réunit deux frères, séparés dès la naissance. Si la réplique culte de film de Chatiliez nous vient à l’esprit, le sort de la maman des deux garçons est mis de côté. Une comparaison entre les deux films qui s’arrête là. Ce thème de la fracture sociale reste en un sens un atemporel du cinéma. Mais il faut tout de même une certaine maitrise pour réussir à en tirer un tableau qui ne penche pas trop vers le grotesque ou le ridicule. Un travers qu’Emmanuel Courcol réussi à esquiver avec beaucoup de justesse.
Dans En Fanfare, c’est aussi deux milieux musicaux qu’on oppose. Sur ce point, il faut souligner que c’est avec le regard de membre d’une fanfare qu’on est allé voir ce film. La fanfare, c’est les copains, la picole et la musique. Mais, ce petit monde musical est aussi bourré de stéréotypes. En effet, il y a celui qui n’a pas besoin de partition parce qu’il sait mieux que les autres, celui qui fait semblant de ne pas comprendre ce que dit le chef, celui qui râle… Tout ça, allègrement rythmé par des histoires de culs et d’engueulades au sein d’amitiés inébranlables. En Fanfare parvient à parfaitement mêler ce côté bon enfant d’une fanfare et l’ambiance plus austère (et surtout beaucoup plus professionnelle) d’un orchestre classique.
Deux brillants acteurs
Thibault Desormeaux, interprété par Benjamin Lavernhe, est le chef d’orchestre à succès du duo. L’acteur de la comédie française est d’autant plus saisissant dans son rôle lorsqu’il est aux côtés de Pierre Lottin, Jimmy le tromboniste. La carrure des deux acteurs peut sembler assez dépareillée dans un premier temps. L’un est grand, frêle, l’autre est plus vouté, plus large d’épaule. C’est évidemment un détail qui, on le suppose, n’a pas été laissé au hasard. Et c’est d’autant plus touchant de voir les deux personnages parvenir à se rapprocher dans l’histoire au point où cette apparente différence en est reléguée au second plan. On supposera que c’est peut-être aussi une subtile manière pour En Fanfare de rappeler que l’habit ne fait pas le moine.
Si Pierre Lottin est connu Les Tuches, on l’a aussi vu cette année dans Quand vient L’automne de François Ozon. Et il vient boucler cette année en interprétant un Jimmy très émouvant. Lottin nous évoque ce pote avec qui on a envie de se poser pour boire un coup et fumer des pétards. Pourtant, dans En Fanfare, il est ce frère touché par la rencontre de cet autre et l’irruption d’un tout nouveau monde dans sa vie. Aussi, notre cœur ne cesse d’osciller entre cet homme bourru, incapable de mettre un mot sur ses émotions, et ce chef d’orchestre sensible et bienveillant. Deux personnages qui parviennent sans difficulté à nous faire oublier les facilités du scénario.
Un scénario un peu trop bien calibré
En Fanfare d’Emmanuel Courcol est aussi un film méticuleusement calibré. En un sens, il est facile de sentir les différents mouvements de l’intrigue ou la direction qu’elle prend. Un peu comme si le scénario était rythmé par des mouvements de baguettes, on sait quel va être le prochain geste du chef d’orchestre. Cette métaphore musicale (qu’on a pas pu s’empêcher de filer) parvient tout de même à se faire oublier. C’est sans conteste dû aux deux comédiens principaux, à leur humour (il faut avouer qu’on se marre bien) et surtout à l’humanité des personnages.
Cette mélodie qui s’ouvre avec les premières scènes d’En Fanfare s’achève sur des frissons garantis. On sort de la salle avec les larmes aux yeux, la gorge nouée. Voilà enfin une belle conclusion de film. Le genre de fin qui n’est pas trop brutale ou absurde et qui met un point final en beauté. Autrement dit, Emmanuel Courcol nous offre un beau moment, drôle et touchant. Sans être pour autant un film absolument génial, En Fanfare déploie une ambiance toute douce dans laquelle il est franchement très agréable de se plonger.
Emmanuel Courcol fait donc osciller son film entre comédie et émotion sans jamais basculer dans l’humour grotesque que l’on pourrait craindre de prime abord. En Fanfare est le genre de film qu’on prend plaisir à regarder et à apprécier, comme un petit bonbon qu’on fait fondre doucement sous la langue.
En Fanfare d’Emmanuel Courcol est en salle depuis le 27 novembre
Avis
En Fanfare d’Emmanuel Courcol est un film qu’il est bon d’aller voir en cette fin d’année. Autant pour passer un bon moment que pour ressortir avec un sourire jusqu’aux oreilles.