Alors que le Marvel Cinematic Universe est en pleine panne sèche et en quête identitaire, la série Echo semblait être justement la réponse aux interrogations liées à la nouvelle direction de Marvel. Plus mature, plus resserrée et plus sérieuse ? Il y a de cela, mais le résultat n’est malheureusement pas à la hauteur (encore une fois).
Les séries du MCU commençaient de manière plutôt intéressantes, via notamment Loki ou WandaVision, assumant leur concept pour proposer des pas de côté globalement tenus au sein de l’univers Marvel. Mais depuis, c’est tout le genre super-héroïque qui semble en pleine schizophrénie, incapable de déjouer/contenter les attentes du grand public (les échecs récents de The Marvels ou Aquaman 2 n’y sont pas étrangers). Alors que DC et Marvel semblent résolus à diversifier l’offre, Echo arrive donc à point nommé.
En effet, le personnage de Maya Lopez avait précédemment été introduit dans Hawkeye, dans un arc narratif secondaire qui ne permettait pas réellement d’exploiter cette héroïne liée à Wilson Fisk et Daredevil. Echo compte donc comme une suite/spin-off, autant qu’un pari alléchant : la première série Marvel (en omettant les précédentes séries Netflix comme Daredevil, Jessica Jones ou The Punisher) avec une classification MA (pour public mature).
Echo reprend donc 5 mois après les évènements de Hawkeye. Pour rappel, nous découvrions Maya Lopez, enfant sourde d’origine Choctaw ayant grandi à la solde du Caïd. Mais après l’assassinat organisé de son propre père par Wilson Fisk, Maya s’est retournée contre sa seconde famille criminelle. Désormais en fuite, on la retrouve ici à Tamaha en Oklahoma, sa ville d’origine. Mais évidemment, les ennuis ne sont pas restés à New York, et vont vite la rattraper !
Echo passe à la vitesse supérieure
D’entrée de jeu avec l’épisode 1 bien rythmé, Echo ne perd pas de temps sur ses intentions : on récapitule grosso modo qui est le personnage et ce qu’elle a vécu précédemment, tout en complétant les zones d’ombre pour mieux la réintroduire. Cela signifie également de s’intéresser à tout un nouveau trombinoscope de personnages secondaires interprétés par des acteurs amérindiens (notamment les très bons Tantoo Cardinal et Graham Greene).
Echo met également un certain focus bien plaisant sur sur une action avec une meilleure physicalité, notamment dans plusieurs petits plans-séquences de baston plutôt efficaces. Les coups et leur impacts sont là, avec quelques petites gerbes de sang pour contenter un temps les amateurs de violence. Mais passée cette sympathique introduction, c’est là que le bas blesse !
Il faudra ensuite voir les 4 épisodes suivants (pour une durée totale de moins de 3h30) pour se rendre qu’Echo reste avant tout victime d’énormément de tares d’autres séries du genre. Il y a évidemment du mieux à louer : on parlait de l’aspect »mature » du show, et si on atteint jamais la viscéralité d’un Daredevil ou la violence jouissive d’un Punisher, le sérieux global du récit n’est jamais parasité des saillies comiques inopportunes.
Saison 1 schizophrène
En résulte pour le coup une exploration plus satisfaisante du personnage de Maya, incarnée avec entrain par Alana Cox, renouant avec les propres racines ancestrales de son peuple. Ainsi, l’aspect familial d’Echo est sans nulle doute celui qui est le plus soigné (le seul ?), jouant allègrement avec les regrets du passé, les blessures non-cicatrisées et surtout la mise en avant d’une identité trouble pour Maya.
Tiraillée entre sa famille d’origine et celle d’adoption, c’est ainsi qu’Echo trouve un axe pour traiter l’évolution de son personnage. Une évolution qui va rapidement sentir le bâclage en règle ceci dit ! En effet, la faible durée de cette saison 1 peut être une aubaine en terme de rythmique, mais survole la majorité de tous les enjeux émotionnels et dramaturgiques. Une impression de chaud et froid quasi constante qui contamine parfois les morceaux de bravoure de la série, à l’instar d’une banale séquence de train sans réel enjeu, contre-balancée l’épisode d’après par une fight inspirée en salle d’arcade.
En résulte avec cette saison 1 de Echo l’impression d’assister à une mid-season s’arrêtant au milieu du guet : les antagonistes en font particulièrement les frais (notamment le très bon Andrew Howard vu dans Watchmen et Mayor of Kingstown), aussitôt bazardés après leur introduction. De plus, le retour attendu de Vincent D’Onofrio en Caïd a beau être plus réussi que dans sa fessée prise pour Hawkeye, le bougre se contentera d’une écriture versée au minimum syndical pour 2 pauvres épisodes.
Exit une exploration plus en profondeur de cette nouvelle relation père-fille, il faudra accepter les bases de l’opposition entre ces 2 personnages, jamais réellement mises à mal pour justifier du tiraillement moral subit par Maya. Pire, Echo sacrifie quasi intégralement toute une caractérisation du peuple Choctaw et leurs racines fantastiques (plutôt que spirituelles) pour abreuver le personnage de super pouvoir jamais clairement défini ou bien exploité.
Un résultat bâclé malgré de bonnes intentions
Bref, cette saison 1 d’Echo est une déception vue ses ambitions affichées. Tout n’est pas à jeter évidemment, le récit et l’écriture respectant son héroïne pour la rendre aussi badass qu’humaine. C’est justement dans la bonne tenue des dialogues entre sa famille perdue qu’Echo résonne avec pertinence et une certaine sensibilité. Reste qu’on tient là une timide saison, rapidement évacuée et oubliable..en dépit d’une scène post-générique intrigante : une maigre consolation donc !
La Saison 1 de Echo est entièrement disponible sur Disney+ depuis le 10 janvier 2024
avis
Avec Echo, le MCU semble avancer dans la bonne direction, sans réellement franchir le pas de porte ! Malgré le sérieux salvateur global, difficile de passer outre un bâclage dramaturgique évident, ainsi qu'un aspect timoré vis-à-vis de son public cible. Une série Marvel "mature" sur le papier qui est donc schizophrène dans son identité et son exécution ! Dommage donc.