Parmi les réalisateurs aguerris à la compétition cannoise de retour cette année, Jacques Audiard est celui qui proposait le défi le plus couillu: narrer le parcours d’un ex-combattant Tamoul soudainement concierge d’une cité française délabrée et hostile. Le tout porté par trois inconnus et fabriquant la matière à une attaque plus frontale de la politique actuelle.
En l’état, Dheepan ne trahit rien de ses honorables intentions et constitue une preuve de plus de l’intransigeance légendaire du cinéaste. Son récit parvient sans verser dans le misérabilisme à dépeindre une société en proie à un chaos guerrier hors de tout contrôle. Pour éviter le pathos, le cinéaste réutilise de pertinents motifs poétiques et dirige avec une formidable tenue ses interprètes.
Pourtant, on ne peut s’empêcher de quitter la séance l’âme amère. La raison? Un dernier quart d’heure tirant le projet vers le film de genre pur et dur moins habilement orchestré que d’habitude et étonnant au regard de la subtilité nerveuse du reste.
Dheepan sort le 26 août 2015 au cinéma, après sa projection en sélection officielle cannoise.