Des pivoines du Japon est l’histoire tendre d’une rencontre, d’un amour bref et foudroyant, et d’une absence difficile à apprivoiser.
Des pivoines du Japon est une comédie romantique pleine de charme et de simplicité qui nous parle de rencontre, d’amour, d’absence, de nous. Et nous touche en plein cœur.
Un amour à tous les temps
C’est d’abord une rencontre semblable à mille autres. Avec ses hésitations, ses doutes, ses questionnements, sa curiosité, ses éclats de rire… Une vie à deux rêvée le temps d’une soirée. Une rencontre dont ils nous racontent chacun leur version, leur interprétation, nous rendant complices d’un moment qui nous semble déjà si familier qu’un sourire s’est dessiné sur nos lèvres, qui ne nous quittera plus, ou presque…
« Le début, ça brille. On se voit dedans. »
Certaines rencontres sont déjà des histoires d’amour, à l’instant même où elles ont lieu. Une évidence, une fulgurance, l’impression que tout ce qui existait jusqu’alors n’avait pour unique but que de mener à ce moment-là. À peine découvert que cet autre se conjugue déjà au futur. Leur rencontre aura été de celles-là… mais n’aura eu le temps de rien. Aussi soudainement que brutalement séparés, c’est déjà au passé qu’ils appartiennent. Quoi que…
Alors même qu’une présence s’est soudain faite si nécessaire, c’est avec son absence qu’il faut vivre. Il essaye de faire de nouvelles rencontres, de donner leur chance à d’autres histoires, d’autres débuts qui brilleront. Mais celle qu’il aime encore le hante et s’invite à chaque fois. Dans les visages de ces autres, c’est son absence qui se reflète inlassablement. « Tu n’es jamais vraiment là » lui reprochent-elles. Car revient-on jamais complètement d’un amour si absolu ?
Un univers qui nous transporte
La mise en scène de Fabio Marra, aussi aussi simple qu’efficace, est surtout très évocatrice et donne lieu à quelques scènes d’une bouleversante poésie. Elle nous permet de continuer à voir, dans le même espace-temps, ce qu’il se passe dans la tête de l’un comme dans celle de l’autre alors même qu’ils ne sont plus ensemble. L’ensemble est fluide, vivant, drôle aussi, et d’une telle délicatesse…
Il n’y a que très peu de décor et pourtant, on visualise les lieux comme si nous y étions : le restaurant, le musée, le métro (merveilleux moment !). Les miroirs en fond de scène sont un choix intelligent et ingénieux qui invite à mille interprétations. Le manque qui transforme le « soi » en reflet de soi, l’expression d’une temporalité devenue confuse, l’omniscience de notre regard et la présence de notre reflet sur scène comme une invitation à nous identifier un peu plus encore à ces deux êtres attachants et si proches de nous…
Des pivoines du Japon, un spectacle doux comme une caresse
Marion Christmann et Gaël Cottat, découvert et adoré dans l’un des succès de Mélody Mourey, Les crapauds fous, forment le duo parfait pour cette histoire d’une sensibilité folle. Ce qu’ils racontent est doux, tendre et cruel. Comme la vie. Et ils le font avec une simplicité et une sincérité émouvante. Leur complicité sonne juste, et Marion Christmann incarne également très joliment les rôles des différentes femmes que Lui rencontrera ensuite.
Elle est d’ailleurs tout aussi merveilleuse lorsqu’elle interprète, avec la même simplicité et la même authenticité, deux superbes chansons, et notamment celle d’Aliocha Schneider, ‘Ensemble’ (choix tellement parfait !) dans laquelle l’amour et l’absence se confondent, et qui ne quittera plus nos oreilles de tout le festival !
Des pivoines du Japon fait partie de ces pièces qui ne laisseront pas seulement en nous un souvenir, mais une empreinte. Une empreinte à la fois visuelle, sonore et émotionnelle. Notre seul regret finalement ? Que la fin arrive un peu vite et nous laisse un léger sentiment de frustration. Il faut dire que l’on serait bien resté des heures encore en leur compagnie tant nous nous sommes mis à les aimer… Et ça, c’est bien la marque d’un coup de cœur.
Des pivoines du Japon, d’Emmanuel Robert-Espalieu, mise en scène Fabio Marra, avec Marion Christmann et Gaël Cottat, se joue du 9 au 21 juillet 2024, à 21h15 à La Scala Provence.
Puis à La Scala Paris du 20 janvier au 21 avril 2025.
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Avis
Si cette comédie romantique fonctionne aussi bien c'est pour sa profonde simplicité et le jeu naturel des comédiens qui lui donnent une dimension universelle. Tout y est joli, tendre, poétique, sans jamais chercher à trop en faire. On s'identifie, on s'attache, et on en sort avec le cœur en forme de sourire.