Conjuring : Sous l’emprise du Diable troque James Wan pour Michael Chaves et délaisse la maestria de mise en scène pour une recette aussi inodore que divertissante.
Conjuring : Sous l’emprise du Diable fait partie des franchises que le petit virtuose qu’est James Wan a dû laisser de côté pour s’occuper de plus gros blockbusters. Si la saga Insidious est peu à peu partie en sucette, ayant perdu tout intérêt suite au départ du réalisateur, parti redonner ses lettres d’honneur au blockbuster bourrin de la franchise Fast & Furious, Conjuring le voit reproduire la même fuite mais sous les mers, en tête du mastodonte Aquaman 2. Si ces deux excursions ont permis au réalisateur de toucher le milliard au box-office mondial (et de s’acheter 6 nouvelles maisons), le niveau qualitatif de ses franchises n’a pourtant jamais été aussi bas.
Et ce n’est malheureusement pas avec l’annonce de Michael Chaves, réalisateur du pitoyable La Malédiction de la dame blanche, que le sort de Conjuring se faisait prometteur : et pourtant, force est de constater que la malédiction, si elle n’a pas frappé une fois de plus, s’est hélas ici muée en sage déception.
Wan, two three
Parce que dès son introduction, Conjuring : Sous l’emprise du Diable se fait plutôt prometteur. Si les mouvements de caméra se font moins virtuoses, le fond lui gagne en intérêt. Les époux Warren semblent enfin confrontés aux limites de leurs croyances lorsque la possession avérée de l’un de leur client se doit d’être prouvée devant un tribunal. Semblant annoncer une véritable remise en question, Michael Chaves, sur une histoire co-écrite par James-Wan et David Leslie Johnson-McGoldrick, déjà à l’œuvre sur Conjuring 2 et Aquaman, semble pourtant appliquer une recette qui met de côté le moindre espoir.
Parce que le réalisateur n’a pas le talent de James Wan, ce Conjuring : Sous l’emprise du Diable s’étiole alors au fur et à mesure qu’il avance, appliquant tête baissée ce que les deux précédents volets avaient su dépasser grâce à leur technique imparable. Délaissant rapidement le pauvre Ruairi O’Connor dans son trouble, le film préfère prendre la route, déjà empruntée, d’une enquête minuscule où seul le handicap d’Ed Warren tentera d’apporter (un peu) de suspense.
Lowrreur
Michael Chaves filme donc avec le moins de tension et d’inventivité possibles un scénario déjà-vu, usant à foisons de ces maudits jump-scares, ayant rendus nauséeux la moindre production héritée du Conjuring-verse. Pourtant, malgré tout cela, la recette reste étonnamment efficace, et même si le fond déçoit, l’ensemble s’avère mené par un rythme de croisière suffisamment plaisant pour que l’on ne s’y ennuie jamais vraiment. Même si Conjuring : Sous l’emprise du Diable s’éloigne de sa superbe citation à L’Exorciste observée dans son introduction, le film de Michael Chaves se mue alors en un divertissement potable, désormais à des années-lumière des hauteurs franchies par les deux précédents opus.
Que se dire alors de plus logique, qu’à l’instar de ses minables ersatz, (Annabelle, La Malédiction de la dame blanche, La Nonne) Conjuring se voit être la parfaite incarnation d’une horreur transfigurée en produit de distribution soluble dans la horde de divertissements aussi sympathiques qu’attendus ? La preuve, s’il en fallait encore une, que sans véritable tête pensante, un projet, aussi excitant soit-il, peut sombrer dans les limbes d’une production interchangeable au demeurant sympathique. Même en convoquant le Diable en personne.