Christy est le biopic sur l’ancienne boxeuse Christy Martin a été présenté au Festival de Toronto et de Londres ! Réalisé par David Michôd (Le Roi, The Rover), cette chronique offre la meilleure performance de Sydney Sweeney à l’écran, pour un récit poignant de femme se réappropriant sa vie par les poings.
Christy fait partie de cette longue liste de biopics sportifs vendu comme un véhicule-star. De quoi penser à un produit interchangeable de prime abord, sauf qu’il s’agit du nouveau long-métrage de David Michôd ! Réalisateur australien révélé avec Animal Kingdom et The Rover, ce dernier était également passé par la case Netflix, notamment avec le très réussi Le Roi en 2019.

Six ans plus tard, le voilà aux commandes de ce Christy débutant dans les 90’s avant de se conclure à l’orée des années 2010. Centrée sur Christy Salters, une boxeuse évoluant en amateur qui va être prise sous l’aile de l’entraîneur (et mari) James V. Martin. Un pitch qui pourrait en faire un Million Dollar Baby-bis, sauf que le film embrasse la lutte personnelle de Christy pour se sortir d’une relation d’abus domestique.
Sydney Sweeney dans son meilleur rôle
Un récit résolument féministe, qui doit beaucoup à l’interprétation complètement incarnée d’une Sydney Sweeney (Euphoria, Tout sauf Toi) littéralement transformée à l’écran ! Brunette, lentilles marron, prise de poids… des gimmicks pour disparaître derrière le personnage de Christy, mais qui vont de pair avec une performance brute de décoffrage retranscrivant à merveille le caractère frondeur de cette jeune femme maniant autant les poings que le franc-parlé !
De quoi rendre le visionnage ludique par ce simple rôle de composition : rien de profondément novateur à voir en Christy une outsider garçon manqué évoluant dans un milieu masculin et professionnel de prime abord. Pourtant, David Michôd parvient à rapidement dépasser la structure galvaudée (la phase des premiers rounds gagnés en semi-pro par exemple) non seulement par sa mise en scène toujours maîtrisée, mais en déroulant progressivement une fragilité intérieure à un personnage dont le but n’est pas de gagner des combats, mais bien de reconquérir sa vie !

Via le duo formé avec Ben Foster pour jouer son mari bedonnant et violent, le réalisateur nous agrippe peu à peu via ce rapport conflictuel et toxique. Les enjeux digressent donc vers cette relation centrale, explicitant tout un milieu de rednecks dépossédant complètement Christy de son libre-arbitre : d’une mère condamnant l’homosexualité de sa fille à tout un patriarcat voulant ranger la boxeuse dans une case codifiée (vêtements roses compris), c’est tout un changement de perception du féminin que David Michôd souhaite mettre en scène !
Circonvolutions vers un final réussi
Un pari globalement réussi qui réussit ses séquences de combat, notamment via un montage tenu et de bons effets sonores, mais qui varie régulièrement dans sa tonalité. Entre scènes pathétiques, drôles ou plus glaçantes (la confrontation finale avec Ben Foster fait froid dans le dos), Christy désamorce parfois la charge émotionnelle voulue par une certaine mise à distance envers sa protagoniste.

Heureusement, le film réussit sa trajectoire dans un ultime mouvement complètement hors du ring, jusque dans sa conclusion donnant les armes à Christy pour reprendre en main son image et son corps. On notera par ailleurs l’ajout bienvenu de Kathy O’Brian pour y inclure une relation amie-ennemie orchestrée avec authenticité.
En résulte avec ce Christy un récit qui ne déviera pas de sa feuille de route ni ne renouvèlera le genre, mais qui redonne ses lettres de noblesse à une figure iconoclaste de la boxe féminine. Porté par l’interprétation sans faille (accent de la Viriginie profonde inclus !) de Sydney Sweeney, on tient une nouvelle preuve du talent de son cinéaste.
Christy sortira au cinéma le 4 mars 2026
avis
Christy accuse d'un manque de tenue en terme de ton et d'un manque de singularité dans l'exploitation du biopic sportif. Pour autant, David Michôd lève le voile sur une personnalité iconoclaste impeccablement interprétée par Sydney Sweeney, dans un récit à la finalité émancipatoire bienvenue.

