La polémique stérile qui entoure le nouveau film de Lucas Belvaux, Chez Nous, prouve à n’en pas douter que la politique est devenu le terreau de l’émotion facile. Bonne nouvelle, le cinéaste belge continue avec ce projet risqué de ne pas céder à la sensiblerie. En suivant comment une infirmière du Nord succombe au charme d’une extrême droite « réinventée », il y avait pourtant fort à parier qu’il aurait pu.
Toute tentative est louable. Chez Nous est la tentative d’un cinéaste inquiet de comprendre toutes les parties prenantes à une banalisation des extrêmes. Loin de la propagande gauchiste attendue, le film sait faire apprécier chaque personnage sans en cacher les facettes les plus sombres. Le regard humain et souvent compassionnel dont fait preuve le cinéaste s’accorde bien à la dureté du paysage humain qu’il dépeint.
Un jeu à double-tranchant. Qui dit donc tentative dit également glissades malhabiles et fausse assurance. Chez Nous gagne en humanité et en pudeur ce qu’il perd en force de caractère et en clarté du sous-texte. On sent aussi combien le regard inquiet du Belvaux citoyen s’accommode mal à la pudeur du cinéaste, poussant parfois le récit sur la pente du manichéisme. Avec une telle gageure, on ne peut quand même que saluer la tentative.