La compagnie 26 000 couverts est connue pour ses spectacles absurdes qui bouleversent les codes classiques du théâtre. Avec eux, il ne faut pas s’attendre à une pièce mesurée, mais plutôt à une création qui fait de l’aberrant et du déraisonnable son modus operandi. Avec leur dernier spectacle Chamonix ça ne rate pas, mais peut-être en font-ils un peu trop ?
Chamonix, c’est la montagne, les Alpes, la nature, le Mont-Blanc, la neige, le ski. Tout nous laisse penser que le spectacle nous emmène dans cette direction… Mais non, pas du tout, Chamonix n’a absolument plus rien de naturel. Tout y est exagération et kitsch, un assemblage hétéroclite d’éléments saugrenus : musiques, décors, accessoires, dialogues, chorégraphies, etc. Des sketchs qui s’enfoncent parfois un peu trop dans la poudreuse.

Chamonix, c’est aussi un spectacle qui questionne l’humanité en prenant pour fondation ce que qu’elle a de plus stupide. Alors que les seuls rescapés de notre espèce errent dans le cosmos depuis des siècles, ils atterrissent sur une planète dont ils ne connaissent absolument rien. Un endroit où vit un être qui souhaite – ou non ? – éradiquer l’humanité avant qu’elle ne détruise à tout jamais sa planète bien aimée.
Un humour débridé de toute légèreté
Les 26 000 couverts prônent un théâtre burlesque où les blagues et les situations grotesques et caricaturales se multiplient. Pour Chamonix, ils l’annonçaient : “Alerte ! Les 26000 se lancent dans la comédie musicale !”. Il fallait peut-être suivre leur conseil tant les paroles des musiques sont creuses et sans grand intérêt. Le mauvais goût du kitsch finit par l’emporter, et c’est bien dommage. Heureusement, pour rattraper un peu le tout, les musiciens switchent avec allégresse entre leurs instruments et proposent un accompagnement musical de qualité.

Le principal problème avec Chamonix, c’est qu’il faut pouvoir être réceptif à l’humour proposé. Sans quoi, le spectacle paraît lourd, trèèèèès lourd, voire imbitable. Le show est appesanti par des blagues censées être drôles mais qui ne font que s’accumuler pour exploser en un imbroglio de maladresses. A l’instar de ces comiques de répétitions vident de sens, qui n’apportent absolument rien à la pièce : rire de ses échecs et de ses ratages est drôle, mais quand l’humour est amené avec finesse, ce qui n’est franchement pas le cas. L’absurde peut-être comique, mais encore faut-il qu’il soit pertinent.
Un décor immersif
Ce qui ne peut être ôté à Chamonix, c’est bien l’inventivité de la scénographie. Entre les différents décors et les multiples accessoires, les tableaux visuels sont étrangement immersifs. Ajoutons à cela les bruitages et les jeux de lumières qui nous propulsent dans l’espace, la jungle ou encore au fin fond d’un sous-sol ténébreux. Tout est constitué à partir d’objets de récupération : ventouses, pistolets à eau, ballons, cartons, etc. Cette esthétique de la débrouillardise fonctionne bien avec l’univers créé.

Là encore, on retrouve le goût du kitsch, et s’il paraît surutilisé dans les dialogues, il se montre bien plus pertinent dans la mise en scène. On jongle ainsi avec un ascenseur sexualisé caché derrière des rochers, une larve géante dorlotée par un fauteuil parlant électrique, ou encore un vaisselier à voyager dans le temps. De quoi émerveiller les esprits.
On l’aura compris, Chamonix c’est un délire auquel on accroche, ou pas… Mais quand on passe à côté, il est difficile d’en redemander. Alors que ceux qui aiment ce type d’humour ne se gênent pas, les autres, ne bougez pas.
Chamonix des 26 000 couverts se joue jusqu’au 31 décembre au Théâtre du Rond Point.
Avis
Chamonix de la compagnie 26 000 couverts est à prendre ou à laisser. On peut passer son tour si cet humour absurde et décalé ne nous correspond pas. Entre les paroles qui n'ont pas de sens, les chansons sans profondeur, on se perd dans un spectacle qui n'a plus vraiment d'intérêt. Ce trop plein de kitsch explose en une création un peu trop, trop.