Bronx voit Olivier Marchal emmener son univers de polar poisseux sur Netflix. Pour une œuvre fidèle à son auteur, et ce jusqu’à la caricature.
Bronx marque le retour d’Olivier Marchal derrière la caméra, quatre années déjà après son inabouti Carbone qui s’ouvrait également sur des notes funestes. Parce que comme sa précédente œuvre, le metteur en scène filme une fois de plus des hommes dans la tourmente, ici de la brigade antigang marseillaise en proie avec une escouade concurrente et d’un affrontement sanglant entre mafia corse et quartiers Nords. Une intrigue inutilement compliquée pour le film d’un auteur qui ne se contrôle plus, frisant parfois l’autoparodie.
Des hommes, des vrais
Parce que dès ses premières minutes, Bronx frise la caricature tant Olivier Marchal ne semble plus se préoccuper du bon dosage de son film. Après plusieurs morts et fusillades dégainées sous les dialogues empesés de personnages parlant plus avec leur organe génital qu’avec leurs cordes vocales, le film est ainsi marqué par l’identité de son auteur et ce jusqu’à la caricature. Film noir aux protagonistes burnés et aux méthodes expéditives, telle est la voie, ici surlignée, que prendra Bronx qui se fait ici synthèse de toute la filmographie du cinéaste jusque dans ses moindres excès.
Heureusement, Olivier Marchal sait filmer de véritables gueules de cinéma prises dans la tragédie d’une vie dont ils se retrouvent otages. Si ni Lannick Gautry, ni Kaaris, ni même David Belle n’ont les épaules des précédents acteurs passés devant sa caméra, le réalisateur se plait à mettre en scène leur combat désespéré et punitif, le sublimant dans toute sa noirceur, comme il avait su magnifiquement le faire dans le classieux 36, Quai des Orfèvres et son ultra-noir MR 73. Une fois débarrassé d’une intrigue inutilement complexe, le metteur en scène insuffle une véritable beauté tragique dans le portrait de ses personnages dans un final réussi, rythmé par l’un des plus beaux titres venus d’outre tombe du grand Alain Bashung.
Trous de balles
Ainsi, une fois que Bronx a vidé le lourd chargeur de ses dialogues et de son intrigue, le film d’Olivier Marchal se libère pour se contenter de regarder des hommes dont la mort certaine donne à leur regard une véritable beauté tragique. Sachant sincèrement filmer la douleur masculine, même derrière des univers noirs et ultra burnés, le réalisateur se révèle alors dans son plus simple apparat, même s’il tente de se cacher derrière d’inévitables redites qui desservent volontiers Bronx plus qu’ils ne le mette en valeur.
Parce que derrière ces stéréotypes masculins armés jusqu’au cou de répliques et de démarches suintant la testostérone de chaque pore, Olivier Marchal filme une fois de plus un combat tragique. Et masqué derrière le bruit des balles, les regards d’hommes brisés que sait filmer le réalisateur demeurent des impacts bien plus percutants.